Comme les jours de début d'opération, il y avait une forêt de caméras ce matin au point presse
hebdomadaire du ministère de la Défense. Mais pas de victoire à annoncer à l'horizon : seulement tenter de préserver l'armée française de lourdes accusations, celles contenues dans un rapport commandé par l'ONU qui évoque des viols d'enfants centrafricains, présentés comme réfugiés, sur l'aéroport de M'Poko, en 2014. Ce document évoque des responsabilités de militaires africains et de Français. Mais on a aussi évoqué des Georgiens, dans la journée.
Ce document n'est pas public pour l'instant : le détail des preuves n'est pas produit.
La défense défensive de la Défense entretient une atmosphère lourde. Les révélations d'hier ont cueilli tout le monde à froid. Y compris ceux qui connaissaient les soupçons depuis des mois. (1)
Le seul argument produit ce matin est celui d'une enquête de commandement menée l'été dernier. Une enquête expresse menée pour vérifier que tout est resté conforme, suivie d'une saisine du TGI de Paris.
Mais on connaît les limites de telles enquêtes : ce n'est pas dans des notes de service, ou les assertions de cadres qu'on trouve réponse à des suspicions de viols.
Sans compter que deux versions cohabitent : l'EMA dit qu'il est prêt à transmettre la fameuse enquête à la justice... alors qu'à 300 mètres de là et deux heures plus tard, l'entourage du ministre explique... qu'il a été transmis hier. Malaise. Qui n'est pas une preuve, évidemment, seulement une illustration de plus et qu'en plus, dans le trinome communicationnel, la communication ne passe pas toujours très bien.
Une telle séquence enracine la presse dans le sentiment qu'on lui a menti. Il y a eu quelques précédents, et les relations entre la presse et l'institution ne sont pas, contrairement à ce qu'on peut parfois laisser penser, dans une situation idyllique. Il ne suffisait que d'entendre le ton des questions ce matin pour s'en convaincre. L'hallali sera encore plus violent si les accusations se confirment, mais il n'y aura, un dégonflement de l'affaire -si c'était le cas- ne fera pas l'ouverture des jités.
Factuellement, il y a eu de -rares- déviances de militaires français, par le passé : un braquage de banque en Côte d'Ivoire façon Morfalous, une neutralisation express par sac... mais aussi, des accusations calomnieuses portées sur un officier des forces spéciales en Afrique et qui s'étaient avérées sans fondement. L'explication était à chercher... en Suède et pas dans les actions de cet officier brillant qui a poursuivi sa carrière. Même si sept ans après, et comme s'il n'avait pas été lavé de ces soupçons, cette fausse polémique reste toujours lisible sur le net.
(1) cette posture défensive rappelle étrangement un autre dossier qui n'est pas passé à la postérité, mais qui opposait déjà l'ONU et l'armée française, il y a quelques semaines, au Mali, après des tirs de mortier. Là non plus, la communication n'avait pas été non plus très expansive.