Quelques faits, pour mettre en perspective la prise d'otages de Nairobi :
. si les preneurs d'otages sont motivés par un désir de vengeance contre les Kényans qui leur ont causé des revers, ces derniers mois, les intérêts français dans la région peuvent prendre leurs précautions.
. rappelons en effet que les Shebabs ne sont pas des inconnus des autorités françaises : ils ont détenu l'otage de la DGSE Denis Allex, vraisemblablement tué dans la tentative de libération menée par la DGSE et le 4e RHFS, en janvier 2013. Cet otage, comme son collègue qui s'était autolibéré, avait été envoyé par la France pour former les autorités somaliennes à mieux lutter contre les Shebabs. En septembre 2011, ces mêmes Shebabs avaient aussi enlevé une vieille dame malade, Marie Dedieu. L'absence de médicaments pour la soigner a vraisemblablement conduit à sa mort, malgré la mise en place d'un dispositif du COS au Kenya. Dont l'emploi n'a pas été décidé à l'époque.
. est-ce possible en France ? vient de me demander BFMTV. Oui, c'est toujours possible, la France n'a pas un GIGN à mettre dans chaque centre commercial français. L'attaque d'un centre commercial aurait même fait partie des projets de Mohammed Merah -tout comme le ciblage de policiers en uniforme-. Mais la réalité française est bien différente du Kenya (qui a demandé l'assistance des services indiens), ou de l'Inde, où une prise d'otage massive avait montré les lacunes de la police de Bombay, en novembre 2008, lors d'attaques simultanées dans le centre-ville. Dans la foulée, MAM avait demandé aux policiers et gendarmes d'arrêter de se regarder en chiens de faïence, et de plancher sur de nouveaux plans d'urgence. Pour la première fois à l'époque, le GIGN avait pu opérer dans Paris dans le cadre d'un exercice PLM (Paris-Lyon-Marseille). Qui n'a pas été réédité depuis.
. La France a la chance de disposer de plans d'urgence, et d'unités de gestions de crise, que sont la FIPN (500 policiers) et le GIGN (400 gendarmes). Ces deux chaînes souvent présentées comme concurrentes ne le sont pas dans la pratique, puisqu'on ne peut pas se plaindre d'avoir deux assurances, dès lors qu'on parle de lutte contre le terrorisme. Les prises d'otages multi-sites durent des jours, et de ce fait, consomment des effectifs importants. Pas un seul de ces 900 personnels ne serait de trop, dans ce cas de figure, et il me semblerait même intelligent d'intégrer à ce creuset les forces spéciales, qui ont des capacités à apporter. En matière de lutte contre le terrorisme, les frontières administratives n'ont aucun sens, seule l'efficacité compte.