Roland de la Poype et Marcel Albert (Photo collection Mémorial Normandie-Niémen)
La cérémonie d'hommage à l'as français Roland de la Poype s'est déroulée ce matin aux Invalides. Des représentants du monde économique, politique (un ancien premier ministre), des grandes familles -de la Poype en était- et évidemment, de son régiment de chasse, le Normandie-Niémen. Le général Denis Mercier, CEMAA, était également présent ainsi que des membres d'amicale des familles du Normandie Niémen, et du Mémorial Normandie-Niémen.
C'est son camarade
Fred Moore, du conseil de l'ordre de la Libération, qui lit l'oraison funèbre. Il rappelle la passion pour l'aviation née très jeune, dans les récits des as de la première guerre mondiale. De La Poype ne sait pas encore que ses propres récits jetteront dans les bras de l'aviation plusieurs générations de pilotes de chasse.
Grâce à l'aviation populaire, il passe de la théorie à la pratique, au Mans. Puis il précède son appel sous les drapeaux, en 1939, comme simple caporal. Il est breveté pilote de chasse à Etampes, et précède déjà son destin, pour refuser la défaite, et la collaboration avec les nazis dont son père l'a mis en garde, les années précédentes. Il n'apprendra sa mort, et celle de sa mère, que six mois plus tard.
Faute d'avoir pu emprunter un avion militaire à Cazaux, de la Poype prend le bateau qui l'amène à Plymouth. La suite est connue. 16 victoires, dont 8 en l'espace de 12 jours, au-dessus de la Prusse orientale. Il est un des quatre Français faits par Staline héros de l'Union soviétique.
Comme pour le rappeler, la télé russe est là (pas de télé française à l'horizon, seulement trois journalistes présents...), avec l'ambassadeur de Russie, dans la grande cour des Invalides.
Fred Moore s'entretient avec le général Mercier. A gauche, l'ambassadeur de Russie, qui était déjà avec le Normandie Niémen, le mois dernier, pour fêter les 70 ans du régiment de chasse.
Revenu en France avec son Yak, il enchaîne une autre vie d'ingénieur et d'homme d'affaires. On lui doit la Méhari -des représentants du Mehari Club de France sont venus avec un véhicule lui rendre un hommage silencieux-, mais aussi le Marineland d'Antibes.
"C'était un homme aux talents multiples, courageux, et toujours amical" lance Fred Moore pour conclure.
Il ne reste plus en vie que deux pilotes et deux mécaniciens du régiment de chasse Normandie-Niémen.
L'as français aura eu plusieurs vies, comme en témoigne cette Mehari, dont le propériétaire arborait le portrait de Roland de la Poype, ce matin.
Un ancien commandant du Neu-Neu, le colonel
Fabien Kuzniak, évoque la mémoire de l'as : "Je
ressens de la tristesse et de la fierté. Jusqu'à son dernier
anniversaire, on a pu rester à ses côtés. Il a écrit dans son livre ce
qu'on vit au Normandie-Niémen. Et tout ce qu'on ressent en vol, ou quand
on utilise l'indicatif Rayak, que le régiment a remis au goût du jour
sur Rafale. C'est un homme qui avait le regard pétillant, c'est ce qu'il
faut retenir de lui, du chasseur, de l'homme. C'est le dernier
représentant de la lignée qui a crée Normandie-Niémen". Le commandant R., second du 2/30, abonde : "il nous a nourris, avec son livre, nous sommes tristes". Avec lui, le drapeau du Normandie-Niémen est monté de Mont-de-Marsan, accompagner l'as, une dernière fois.
Sur le parcours des aviateurs du Normandie-Niémen, lire l'ouvrage d'Yves Donjon "Ceux du Normandie-Niémen" (2e réédition) , préfacé par le général Joseph Risso et Roland de la Poype.