L'annonce indienne aura, si elle s'affermit comme prévu, quelques conséquences sur l'équipement de nos armées. Comme c'était prévu en construction budgétaire, les Indiens pourront bénéficier assez rapidement d'avions, s'ils le souhaitent, et si, bien sûr, la configuration qu'ils demandent est celle déjà qualifiée pour la France. Dans le cas contraire, il faudrait effectuer des qualifications supplémentaires (1).
A ce stade, on ignore aussi quels armements seront vendus avec ces appareils : dans l'hypothèse où, là aussi, ce sont des armements déjà qualifiés (Mica, Scalp, GBU-12/24/38/49, Exocet), le sujet en est d'autant simplifié.
Il faut cependant rappeler que dans les hypothèses actuelles, seuls 18 Rafale seraient assemblés à Mérignac : l'impact sur la chaîne française n'est pas neutre, mais il n'est pas exceptionnel non plus. On peut estimer que cette même chaîne pourrait sans (trop de) difficultés doubler sa cadence, surtout si de nouveaux contrats export se déclarent (EAU, Qatar, Koweit, voire Brésil). Tous ces pays n'ont pas le niveau technologique pour produire chez eux, ce sera donc fait en France. Néanmoins, dans l'état actuel des commandes fermes, il est vraisemblable que le client sera servi sur les avions destinés à l'origine à nos armées.
C'est bien sûr une bonne chose pour les constructeurs de... budget français : ces deux dernières années, ils ont dû financer l'achat de Rafale qui n'étaient pas attendus aussi tôt. Les armées ont applaudi, même si ces achats ont pesé sur le budget, obligeant à faire des choix, au détriment d'autres programmes.
Il a donc fallu switcher d'autres programmes, également utiles, comme le rétrofit du Mirage 2000D (valant environ 700 MEUR). La commande indienne va donc pouvoir, peut-être, dégeler cet important programme dont l'existence est intégrée au modèle du livre blanc.
Les armées vont cependant suivre de près cette régulation : un peu plus d'une centaine de Rafale ont été produits pour la France, mais dans l'attente du rétrofit des 10 F1, qui vient de commencer au service industriel de l'aéronautique (SIAe), ce sont en fait un peu moins d'avions qui sont réellement disponibles en flotte (2).
Cette base doit permettre de faire fonctionner deux flottilles de la marine (trois à compter de 2015), deux escadrons de Rafale (trois à partir de cet été, avec la récréation officielle du Neu-Neu), et un escadron de transformation interarmées.
Bref, comme on dit, chez nous, y'a pas de gras !
(1) Rappelons que l'Inde est équipée majoritairement d'avions provenant de Russie (Sukhoi, Mig), dont certains disposent d'équipements électroniques français (Thales).
(2) en outre, quatre appareils ont été perdus en vol : trois Rafale Marine, et un Rafale Air. En enlevant la flotte servant aux expérimentations (CEPA, CEAM) et aux présentations en vol, on est donc proche d'un peu plus de 80 avions. Chiffre qu'il faut ensuite modérer par le taux de disponibilité... Pendant Harmattan, jusqu'à 25 Rafale furent engagés dans le cycle opérationnel libyen, auquel il faut ajouter les six présents sur la BA104 et les trois qui furent mobilisés d'août à novembre en Afghanistan.