Ce dilemne shakespearien taraude les responsables de communication, à tous les niveaux. Faut-il imprimer les organes de communication (ce qu'on appelle abusivement la "presse défense"), ou les mettre en ligne, et laissez les éventuels lecteurs décider de l'imprimer ? On comprend l'enjeu d'économies, en interne. Mais aussi le débat de société qui peut jaillir, et des mauvais esprits iraient dire que le ministère déplace le coût écologique, etc.
D'un autre côté, la cible première, les jeunes, ont depuis longtemps et pour l'essentiel renoncé à ouvrir un magazine de ce type, préférant la presse privée, voire, encore plus évidemment, le net. Je n'ai plus le moindre doute, notamment dans l'audience de ce blog, et je remercie ces jeunes d'avoir eu le courage de ne pas s'arrêter à l'aspect rebutant de certaines phrases bourrées de sigles.
A l'appui d'une dématérialisation, il y a bien le prix du papier, qui s'entête à ne pas baisser, et un faible taux de lecture des publications du ministère de la défense, dont la liste est tellement nourrie que j'ai abandonné l'idée de vous la livrer. Un jour, peut-être, un responsable s'étonnera de cette incroyable production littéraire, assez éloignée du "coeur de métier" des armées.
L'autre souci, qui concerne aussi les publications de la presse, c'est le niveau particulièrement résiduel de la publicité, par les temps qui courent. Un lectorat faible, des ressources en baisse, et des coûts de fabrication qui restent soutenus, pas besoin d'être énarque pour comprendre que la fenêtre de tir est un peu idéale pour sauter le pas.
Seulement, le changement est toujours difficile à faire passer. On m'a expliqué récemment que par les temps (de restructuration) qui courent, dématérialiser une publication serait déstabilisant. Surtout en plus qu'elle est "vendue en kiosque" (sacré argument...).
Les gendarmes ont déjà dématérialisé la "lettre aux unités", et réfléchissent à toutes autres formes de dématérialisation. Leur site internet étant déjà, par ailleurs, une référence par rapport à ce qui peut se faire au ministère de la Défense, et je n'évoque même pas le site du ministère de l'Intérieur.
Où là aussi, on réflechit à limiter la liste des productions papier, ou à faire évoluer la périodicité.
A cela, et partout, s'ajoute évidemment un autre argument-choc : les effectifs spécialisés dans la communication sont en chute libre, et on voit donc mal comment, dans le futur, il serait possible de faire autant avec 25% de personnels en moins.