dimanche 19 février 2012

Une EPE, combien ça coûte ?

Longtemps protégé, le coût des EPE (équipes de protection embarquées) est développé dans le rapport Ménard/Viollet : selon les parlementaires, il s'établirait à 2.000 euros par jour, à comparer aux 3.000 facturés en moyenne par une équipe privée. Les deux élus estiment en outre que d'autres facturent bien plus, la marine néerlandaise ayant évalué à 80.000 euros le coût d'une EPE par traversée : mais ses équipes se montent à 18 opérateurs, infirmier compris, soit trois fois plus qu'une EPE française moyenne.
Néanmoins, ces chiffres restent difficiles à comparer, dans la mesure où on ne sait pas exactement ce qu'ils recouvrent. Par exemple, les soldes de bases des EPE française restent à la charge de la marine, qui, par contre, facture l'abondement de solde lié à l'embarquement, les frais afférents au déplacement de France vers la zone d'opérations et divers autres frais de fonctionnement (hébergement à terre notamment).
De notoriété publique, et comme ce blog a déjà pu l'écrire, malgré un dispositif limité en effectif -70 marins environ répartis en 14 équipés, dont certaines pré-positionnés à Djibouti-, le système ne peut assurer la protection de tous les navires. Les deux députés le confirment, et envisagent un glissement vers des EPE privées. Selon nos sources, des exceptions -et pas qu'une- sont déjà intervenues. La seule règle impérative restant apparemment que les navires doivent d'abord s'adresser au gouvernement français pour obtenir une protection. En cas d'urgence du transport, et d'impossibilité pratique de protéger par une EPE, le navire peut alors être protégé par une équipe privée.
Le rapport estime qu'il faudrait déjà, de fait, sept EPE supplémentaires pour couvrir tous les besoins, ce qui oblige donc l'état-major à un gymkhana permanent pour tenir le système à bout de bras. " Cela conduit à s’interroger sur le caractère soutenable du déploiement des EPE. Le contexte budgétaire de la prochaine décennie devrait être particulièrement contraint, et les États participants devront probablement faire face à de nouvelles menaces, éventuellement de haute intensité. Ils seront alors contraints de délaisser ces missions qui, il est vrai, relèvent davantage de la sécurité internationale que du domaine militaire proprement dit."
Selon la même source, 21 attaques ont été déjouées par les EPE de la marine, dont 14 sur les seuls thoniers senneurs (lents, donc privilégiés par les pirates). Mais constate aussi le rapport, les résultats sont aussi au-rendez-vous avec le privé : " D’après le ministère de la défense, 30 % des navires de commerces
embarquent des équipes armées de SMP/ESSD. Le même ministère met en avant leur « efficacité avérée », aucune capture n’ayant eu lieu en leur présence. Celles-ci ont permis de déjouer 30 % des attaques
".