A la veille du départ probable des hostilités en Ukraine (ont-elles vraiment cessé depuis 2014 ?), la
France a multiplié les précautions de nature militaire ces dernières semaines, comme je le détaille dans plusieurs articles concernant la composante maritime (www.lemarin.fr) et aérienne (www.air-cosmos.com avec un dossier de 6 pages cette semaine dans l'hebdomadaire).Pour ceux qui suivent de loin ces affaires, l'Ukraine peut sembler très loin.
Elle ne l'est pas du tout.
Si l'OTAN décidait de s'engager dans ce conflit, ou seulement même de mobiliser par précaution pour renforcer ses frontières à l'est, la NRF pourrait être mobilisée. Elle ne l'a jamais été, car les critères sont particuliers, et depuis sa mise sur pied, l'OTAN n'a pas connu de conflit contre un de ses membres.
La France fournit près d'un millier d'aviateurs à l'OTAN et des capacités précieuses : chasseurs, aéronefs de renseignement et de sauvetage de combat, avions de transport d'assaut... Et le cerveau de la manoeuvre aérienne, le JFAC, positionné pour 350 sorties à Lyon Mont-Verdun.
L'armée de terre aligne aussi des capacités pour la VJRC de l'OTAN. La BFA, notamment le 3e RH est dans les starting blocks. La France a donné sa parole, elle devra donc la respecter, même si la mission ne lui convient pas forcément.
Ce qui n'empêchera pas non plus de mobiliser des capacités purement nationales, via l'ENU. La 11e BP arme le coeur de cet élément, 24h sur 24. Le volume de mobilisation pourrait dépasser tous les précédents (7000 hommes en 2015 après les attentats). Il pourrait aussi mettre à mal les contrats opérationnels très jolis écrits dans les derniers documents stratégiques.
La même France a aussi promis (c'était en... janvier) d'envoyer des moyens en Roumanie. Le détail se fait attendre.
Le départ de Barkhane peut aussi se comprendre par la nécessité de retrouver de la marge de manoeuvre. Une marge demandée depuis des mois par le nouveau CEMA pour préparer la haute intensité qu'il avait décrite déjà comme CEMAT.
Au CPCO, le coeur battant du système de défense français, la structure est passée en mode renforcé, avec des renforts provenant notamment (ce qui est traditionnel dans pareil cas) de l'école de guerre. Le CEMA, son major général (le général Eric Autellet) et son SCOPS (le VAE Nicolas Vaujour) ont été photographiés en fin de semaine dernière dans une posture très martiale. Un message, aucun des trois ne goûtant les objectifs.
Il y a de quoi. Le territoire français a vu passer ces dernières semaines des groupes amphibies russes, un navire de renseignement. Par contre et étonnamment, il n'y aurait pas eu de vols d'aéronefs vers les Iles Britanniques, ce dont Moscou s'était fait le spécialiste ces dernières années, pour montrer sa capacité de nuisance.
Le risque d'une guerre à grande échelle en Europe n'est pas exclu. Mais ce n'est pas dans l'intérêt de la Russie de la mener, car elle la perdrait. Son armée est bien moins puissante et moderne (comparée à l'OTAN) qu'à l'époque de la guerre froide. La seule façon de l'emporter, par les champs immatériels, de la ruse et encore de la ruse. Ou à la façon nucléaire, qui comme chacun sait, serait assez définitive pour tout le monde.
La France ne devrait pas, comme les autres grandes nations occidentales, laisser faire. Elle reste néanmoins prises au piège de 20 ans de guerre au terrorisme qui ont mis nombre de capacités sur les rotules. Et malgré les milliards injectés dans la défense par l'actuel chef des armées, les réductions temporaires de capacité restent nombreuses. Comme faméliques sont les stocks de munitions. Seuls les Hot, Milan et autres Mistral sont en quantité.
Les offensives russes pouvant comporter des attaques informationnelles, il est recommandé de ne croire que les sites officiels ou estampillés (comme celui-ci) et de croiser les sources. En 2022, il est aussi très facile de bidonner une vidéo pour vous tromper. Soyez donc particulièrement vigilants.
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Je vous souhaite une bonne journée, et par avance, une très bonne semaine.
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