mercredi 16 février 2022

Comment penser l'après-DICOD, l'après-Grandjean

Elle a essayé de s'y essayer, mais la réforme a fait pschitt, du fait, notamment, des mauvais paradigmes, et des mauvais choix de personnes. La non-réforme de la communication, et son corollaire, une influence très en retrait, restent un des points noirs majeurs des cinq années que Florence Parly a passées à l'hôtel de Brienne. Cinq ans, c'est quatre de plus qu'il fallait pour réussir une réforme attendue de la communication.
Son directeur adjoint de cabinet, Benjamin Gallezot avait commencé une réforme à la serpe, certains diraient même à l'élagueuse. Les chefs d'états-major ont débranché la prise à temps, et l'intéressé est parti à Matignon, sur le même poste.
Apparemment, personne n'a retrouvé l'élagueuse. Par contre, la DICOD, qui devait être la tête de pont de la réforme a connu plusieurs soubresauts c'est la seule structure qui a perdu (encore) en efficacité ces cinq dernières années. C'est le cas, manifestement, avec la gestion de la RH avec plusieurs dizaines de personnes en grande souffrance et de ce que partout ailleurs, on appelle les risques psycho-sociaux (RPS).
En venant la dernière fois à la DICOD, la ministre avait redit toute sa confiance au trio de femmes à qui elle avait confié la structure. A Balard, la phrase a étonné. Et d'autant plus qu'après avoir prononcé cette phrase, la ministre a envoyé le contrôle général en mission au sein de la seule DICOD.
A ce stade, le rapport ne semble pas avoir eu le moindre effet.
La n°2 a changé de métier, revenant à sa spécialité d'origine. La n°1 reste en place depuis la nomination du bien plus efficace Hervé Grandjean. L'impétrant, venu du cabinet de Florence Parly, a ringardisé des années de choix politiques du porte-parole et les limites capacitaires qui allaient avec.
La question de sa succession est posée. L'intéressé, interrogé s'en défend, mais son profil est surdimensionné pour un tel poste, d'autant plus que totalisant au final plusieurs feuilles de paie dans le même corps, son efficacité n'a pas conduit à l'éviction de la DICOD pour autant.
Une situation incompréhensible mais que l'intéressé ne commente pas non plus, en bon porte-parole. La suite de sa carrière semble d'ores et déjà plutôt tracée. Des personnes informées constatent qu'il a sans doute accepté la fonction de porte-parole qui lui permettait aussi de faire un sas entre sa fonction de conseiller industrie (plutôt réussie) et de... cadre de haut niveau dans le privé. Tout en lui donnant aussi une forte visibilité qu'il a assumée dans les média et sur les réseaux sociaux. Le mieux pour construire son image, c'est de le faire soi-même.
Il aurait été difficile pour la minarm, qui prône la nomination de femmes, de reconnaître que la nomination de trois d'entre elles à la tête de la DICOD avait constitué un échec patent dans bien des domaines. L'audit reste à faire, après celui, très partiel, du contrôle. Bastien Lachaud a récemment redit qu'il ne lâchait pas l'affaire. A ce stade, les victimes se plaignent, mais ne semblent pas avoir déposé de plainte non plus.
Une fois qu'on a dit tout cela, quelle voie de sortie pour la DICOD, et plus largement, la communication de défense ?
Il faut trouver un nouveau civil qui a les mêmes compétences qu'Hervé Grandjean, mais qui en plus saura agréger de nouvelles compétences, tout en ayant un sens fin de la diplomatie et une agilité nécessaire pour sauter de liane en liane dans les services de l'Etat. Il devra aussi avoir une compétence à parler des opérations, et donc une expérience des terrains opérationnels (c'est toujours plus simple de parler de choses qu'on a vécu soi-même, et on est plus cru). Ce portrait-robot, qui a le soutien de plusieurs cerveaux, doit aussi avoir l'assentiment de l'exécutif, et s'incarner dans un homme... ou une femme. Bref, le choix est assez limité, et on l'aura compris, ce n'est évidemment pas un autoportrait que je viens de dresser. Mais forcément, quand même, celui d'un(e) journaliste, en activité ou non.

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