C'est un déploiement et une mobilisation massifs que l'armée de l'air et la marine ont, plus ou moins
discrètement réalisé ces dernières semaines. A ce stade, l'armée de terre semble en retrait de cette crise, même si elle pourrait y trouver sa place. On évoque, entre autres, des limitations dans les moyens de projection terrestre (pour le matériel lourd) pour arriver dans la zone d'intérêt.Même si la situation n'est pas forcément idéale sur le front... des équipements majeurs. La marine traîne comme un boulet les conséquences de l'incendie de la Perle qu'elle ne pourra récupérer qu'en 2023. Le Suffren, lui, est en maintenance pour des mois. Lui aussi a accumulé surcoûts et retards (6 ans, on ne serait presque plus à deux mois près s'il n'y avait l'Ukraine).
La marine a pu par contre mobiliser quatre SNA, dont un au moins avec le GAN. Les trois autres sont engagés sur la menace sous-marine russe en plusieurs points.
Le GAN est en mer, c'est un atout évident pour peser. Pour une fois, le GAN sera utilisé pour peser réellement. Utiliser ses avions en Irak, même pour vendre du Rafale (les Rafale de la BAP de Jordanie y concourent depuis 2016), c'est gâcher.
L'armée de l'air a plusieurs outils sur le feu (elle a notamment monitoré le navire ROEM russe en janvier en Méditerranée), et doit gérer une manoeuvre complexe de relève avec Barkhane, tout en commençant déjà à rapatrier pour les opérations probables en Europe tout ce qui peut l'être. Elle arme aussi la NRF22, avec une belle quantité d'aéronefs. Tout ses secteurs de jeu concourent. Et notamment les cerveaux du CDAOA à Lyon, et de l'EMO-Air à Paris.
Elle est aussi en charge de deux missions prioritaires, la protection du ciel ou PPS, une compétence affirmée par le général de Gaulle par les ordonnances de 1959. Elle a enfin dans les mains la responsabilité de la composante aérienne permanente, avec deux escadrons de Rafale, Gascogne et La Fayette. La FANu a une posture plus modeste mais sans doute réelle, et surtout en ce moment.
Prévue pour succéder aux monoplaces en avril à Chammal, les FAS pourraient bien, éventuellement, passer leur tour conventionnel, pour se concentrer sur leur coeur de métier. En cas de besoin, c'est tout le plot qui pourrait être mobilisé, des Rafale entièrement équipés valent actuellement leur pesant d'or.
Avec 40 Rafale théoriques, les FAS sont actuellement les mieux dotés en Rafale, après les ponctions réalisées pour la Grèce (12 avions) et la Croatie (12 avions). Des ponctions dénoncées à l'époque ici même, pour le risque présenté pour la capacité d'intervention perdue pour des années. Il n'est pas interdit d'avoir raison.
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