mercredi 2 février 2022

Pourquoi il faut rapatrier nos capacités majeures fissa de Barkhane

Les matériels majeurs de l'armée de terre, mais aussi de l'air et de l'espace ont été usés par des années

d'opex au Sahel. Le vrai surcoût des opex, jamais compté, c'est bien celui-là, une sur-usure, trois à quatre fois plus rapide qu'en métropole.

Car les surcoûts financiers, cela n'est que de l'argent. Mais un matériel usé plus vite, c'est un capital perdu définitivement (et parfois brutalement en cas de destruction totale). Et il faut trois ans pour en reconstruire un dans l'aéro, parfois à peine moins dans le terrestre. Et des mois pour rapatrier, pour réparer un matériel endommagé. Qui parfois ne roulera plus, ne volera plus.

Or ces matériels ne sont déjà pas tous essentiels en temps normal à Barkhane, et demain, ils le seront encore moins. La France n'a plus aucune mission au Mali, si ce n'est celle de réussir correctement et sans pertes son départ accéléré, dans les pires conditions.

Cela va mettre une pression importante sur les vols affrétés, déjà fort rares et coûteux. Mais aussi demander une solidarité de nos alliés anglo-saxons (C-17) et européens (A400M), au moins pour un pont aérien à cycle court (vers Abidjan), avant un retour par voie maritime.

La voie routière est maintenant trop problématique. Ces décisions politiques arrivent bien trop tard, face à une situation dégradée dans l'opinion publique, et les GAT recommencent à s'enhardir (cf la pluie de tirs indirects). Le poids des mauvaises décisions des années passées retombe désormais sur le CEMA qui va devoir faire au mieux. En jouant un numéro d'équilibriste entre les différentes crises du moment.

Dans le plus urgent à rapatrier, les véhicules valorisés, Griffon, VBCI, versions spécialisées des VAB. Le volume reste ahurissant, et demandera un pont aérien important.

Une solution médiane consisterait à stocker les véhicules les moins sensibles au Niger, où il faut conserver des capacités terrestres puissantes.

Les hélicoptères n'en font pas forcément partie. Avec une allonge trop réduite (l'armée de terre ne s'est jamais intéressé au ravitaillement en vol), ils seront pour la plupart disqualifiés et plus utiles en Europe. Sans capacité réelle de sauvetage au combat, la question des vecteurs avec équipages embarqués sera donc problématique. La concentration sur les drones armés semble suffisante dans la plupart des cas, avec un plot commando, conventionnel ou spécial, et donc, un volant minimal d'hélicoptères.

Actuellement, rappelons que Barkhane mobilise environ 200 blindés, plus encore de véhicules logistiques, 7 Mirage 2000, 6 Reaper (à eux 13, environ 80% de l'attrition sur les GAT), une trentaine d'hélicoptères, une demi-douzaine d'avions de soutien. Tout cela, face à quelques centaines de djihadistes, de l'aveu même de l'EMA.

Une disproportion qui va apparaître forcément assez immense, alors que la génération de forces pour aller nourrir une présence française en Roumanie prend beaucoup de temps.

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