C'est une constante des media français, au premiers revers, on entend souvent poindre le qualificatif de
défaite. Comme au début de chaque guerre, les mêmes glissent des coins en bois sous les doigts de pieds des conscom demandant : "combien de temps cela va durer?". J'ai moi même utilisé ces termes, ici en livrant par contre le contexte et des explications. D'autres posts l'avaient aussi précédé, et l'ont suiviLa période actuelle est propice. Les Français (comme leur média) sont impatients de passer à autre chose, et Barkhane, qu'ils n'ont jamais vraiment trop compris, est en passe de devenir un vrai sujet de campagne. Le scénario catastrophe que les docteurs d'épine redoutaient. En plus, le président va se représenter. Et il voulait capitaliser sur Barkhane, ce qui sera difficile. A Barkhane, les cadres résument ainsi la problématique que Paris leur a imposé : "le président Macron ne doit pas faire d'ombre au candidat Macron".
D'où la tentative assez malhabile de la com de l'Elysée d'inverser la vapeur avec une méthode apparemment courante de saucissonnage des cerveaux, mais pas adaptée du tout à la réalité du sujet.
Bref, il n'est pas trop tard d'être factuel, sans volonté d'influence, ou de combler plus efficacement les CIM, mais de de dire les choses.
C'est l'exercice auquel, sans préavis à l'intéressé, j'ai convié ce matin le colonel Pascal Ianni, porte-parole de l'EMA et du CEMA, le général Thierry Burkhard Comme tous mes interlocuteurs (avec l'AJD, CEMAT lundi, JL Melenchon mardi et d'autres depuis, merci à eux), ils ont eu le temps et les arguments qu'ils voulaient pour répondre.
Voici celle, de sioux, du conscom, autour de ces mots victoire et défaite : "Tout cela doit s’analyser à l’aune des objectifs fixés, soit on les atteint, soit on les atteint pas. Ce que je dis ne concerne que les armées (...) En janvier 2020, au sommet de Pau, le président de la République a demandé à Barkhane de s’engager dans la zone des trois frontières contre l'EIGS et au côté des forces sahéliennes.
Cela faisait suite à de nombreuses attaques qui se sont soldées par centaines de morts (des FOB d'ailleurs toujours inoccupées des années après...), nous créons les conditions pour permettre le retour des forces partenaires sur place."
" Nous avons fait le job avec les FAMa et les FAN dans la zone des trois frontières. Deux ans après, L'EIGS n’est plus en mesure de créer un kalifat et ses chefs ont été neutralisés. Cela ne nous a pas empêché de frapper le RVIM dans la zone des 3 frontières. Nous avons atteint l'objectif fixé, empêcher l'EIGS de créer un califat territorial et de s’installer durablement, ce qui aurait eu un effet encore plus déstabilisateur pour la BSS. On peut parler de succès tactique et de succès militaire. Le mot victoire, je l'utiliserai avec beaucoup plus de prudence. La victoire voudrait dire que le terrorisme n'existe plus. Or pour atteindre cet objectif qu’on ne nous a jamais fixé, il ne faut pas un effort seulement militaire mais mobiliser des capacités militaires et civiles.
"On peut parler de succès militaire, et de succès tactique mais pas de défaite et de déroute. Une déroute voudrait dire que des soldats français ont sorti un drapeau blanc, se sont rendus. A aucun moment, on n'a vu cela dans Serval et Barkhane. On a vu des soldats français qui cherchaient le combat et des terroristes qui cherchaient à éviter le combat".
Mes infops et photos sur le twitter @defense137
L'actu de l'association des journalistes de défense sur @ajdpresse
L'actu de la campagne présidentielle volet défense, sur @dansdefense