C’est de saison, une des façons de se ré-immerger dans la guerre du Golfe est de découvrir le sand-
movie du journaliste de l’AFP Pierre Bayle avec les Spahis, déjà évoqué sur mon compte twitter. L’immersion est textuelle mais aussi photographique, permettant aux plus jeunes de visualiser le bond phénoménal effectué, depuis, dans l’équipement des armées même si certains n’ont pas pris une ride (il reste encore des FAMAS, des MAC50 et évidemment, l’increvable Gazelle).Au passage, il livre aussi les instantanés (forcément datés) dans les rapports avec la com ops de l’époque, parfois complexes, mais souvent agiles. A l’époque, l’état-major (ou le gouvernement?) avait placé des journalistes au plus près (de qu’il était possible de montrer). 30 ans plus tard, cela pourrait même faire des envieux.
Lors de la prise d’armes des 30 ans de la guerre du Golfe au monument opex, Geneviève Darrieussecq l’a elle-même reconnu : cette guerre ultra-médiatisée fit date à l’époque. Même malgré ce qui n’était finalement qu’un faux direct, et dans laquelle il pouvait rester un fond de censure du monde d’avant.
Le bond en Afrique de cette chronique est réalisé avec un vétéran du Commando de Montfort, Serge Kurschat, qui éclaire, dans une forme romancée, son engagement dense en RDC, en Guinée K et en Sierra Leone en 1997. Un récit généreux qui donne quelques ressorts mal connus d’une époque qu’on a depuis oubliée un peu vite, faite de RESEVAC, de débrouillardise et de coups de dés. Avec quelques photos qui valent aussi le détour pour, là aussi, mesurer quelques avancées intervenues depuis dans l’armement et l’équipement des FS Marine.
Plus épais, plus inattendu aussi, le livre du vétéran du 2e RH Ulice Lombard, dont l’essentiel recense ses mandats en opérations extérieures, après une petite immersion rapide dans sa formation au renseignement humain. La partie afghane ramène là aussi à une époque difficile, faite de pertes et de décisions parfois ambigües du niveau politico-militaire. Le livre est plutôt immersif sur les trois mandats qu’il a vécus sur place (surtout le premier, en 2008), et son récit décalé mais manifestement documenté de l’embuscade d’Uzbeen est à découvrir.
L’auteur, qui s’avoue à la fin du livre touché par un PTSD, en a gardé manifestement sous le coude, sans doute pour protéger les secrets maison propres à ce régiment méconnu, mais aussi, peut-être, préparer un deuxième opus.
. Pierre Bayle, En passant par Daguet avec les Spahis, journal de marche d’un envoyé spécial de Ryad à Salmane, janvier-mars 1991.
. Ulice Lombard, Retour de la colline du désespoir, récit d’opérations dans le petit monde du renseignement humain, Editions Maïa, septembre 2020.
. Serge Kurschat, Honneur, auto-édition.