Un drone Patroller encore en essais avec la DGA s'est écrasé cet après-midi à 15h58 dans une zone
inhabitée de la commune de Sainte-Mitre (Bouches du Rhône), une commune qui jouxte Fos-sur-Mer. Selon Safran, qui a communiqué laconiquement sur l'accident, ce sont ses équipes qui opéraient le drone à ce moment, lors d'un vol de réception industrielle.
On ignore combien de temps le vol a duré, et combien de temps il devait durer. Et évidemment, les facteurs qui ont pu concourir à cet accident. L'engin d'une tonne s'est crashé "à quelques dizaines de mètres" d'habitations, selon le journal La Provence.
Le drone était parti de la base aérienne 125 où la DGA concentre une partie de son expertise dans les drones depuis des années. A ma connaissance, c'est le premier accident aérien qui arrive dans ce domaine dans cette zone. Des fusiliers commandos et des gendarmes de l'air de la BA125 ont pris position pour sécuriser la zone de crash, et sa "pollution". Régulièrement, les enquêteurs du BEA-E déplorent ces "pollutions" qui modifient la zone de crash, et compliquent donc d'autant plus les enquêtes.
Une nouvelle enquête va précisément être ouverte par le BEA-E, qui n'en est pas à sa première dans ce domaine.
Ces accidents aériens font partie de la vie des drones, comme pour les appareils habités : des SDTI ont eu d'importants problèmes dans ce domaine (un SDTI avait même fini sur une maison...), tandis qu'un Reaper a connu un crash lui aussi le 17 novembre 2018, alors qu'il était contrôlé par un contractor (1).
Et le SMDR de Thales a connu, lui aussi, un accident de vol lors d'une expérimentation avec l'armée de terre, au printemps dernier. Les trois modèles les plus récents ont donc tous connu un accident aérien dans l'année écoulée.
Le BEA-E a aussi écrit sur les DRAC, actuellement en fin de vie.
Le Patroller est très attendu par l'armée de terre. A tous les sens du termes, car comme bon nombre de programmes d'armement, il est en retard. Le programme a connu des retards dans l'industrialisation des cellules (à l'origine des motoplaneurs), réalisée chez Stemme en... Allemagne.
Safran a reconnu le problème, mais d'autres semblent s'être greffés dessus, différant la date de livraison à l'armée de terre, déjà repoussée plusieurs fois. Le 61e régiment d'artillerie de Chaumont était sensé recevoir son premier appareil, pour permettre le début de la formation, d'ici la fin de l'année. L'objectif étant de déployer le SDT en opex en 2021 au sein d'un module Scorpion.
Safran assure que son engin est doté d'une boule optronique de très haut niveau (avec pas moins de 11 onze capteurs embarqués), un des facteurs qui aurait permis de faire la différence sur le Watchkeeper de Thales. Qui lui aussi a connu des débuts très difficiles dans la British Army en matière de sécurité des vols.
14 Patroller doivent être livrés sur la LPM, 30 sont prévus en cible dans le modèle 2030.
L'armée de terre attend beaucoup du Patroller, et notamment une plus grande autonomie vis-à-vis de l'armée de l'air pour obtenir un renseignement endurant (2). A Barkhane, régulièrement, ce même grief d'un ISR insuffisant revient de façon lancinante. D'ailleurs, la mission qui a vu la perte des 13 militaires la semaine dernière n'a pas bénéficié d'un tel appui, ce qui semble assez étonnant vu l'enjeu de la mission en question. C'est une autre opération qui se déroulait ailleurs qui a accaparé le seul moyen disponible à ce moment-là. Ce qui illustre donc la sous-dotation en moyens de renseignement.
Dans un deuxième temps, l'armée de terre prévoit d'armer ses engins avec une roquette légère. Le CEMAT a, face aux parlementaires, rappelé l'esprit ce l'engin : "le Patroller ne sera pas un moyen d’appui sur le champ de bataille, il n’est pas fait pour cela, mais qu’il ne puisse pas traiter instantanément un objectif à haute valeur ajoutée n’aurait pas de sens".
(1) Cet appareil perdu est remplacé, à la proposition de l'industriel GAASI, par une location au dollar symbolique par an pendant deux ans.
(2) Le Patroller est donné pour 20 heures de vol par son constructeur, mais la fiche de caractéristique militaire ne demande que 14 heures.
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