Que retenir de la 14e université d'été de la défense (UED) ? Chacun tire ses traits, je retiendrai pour
ma part l'expression du CEMA ce matin. Certes, les lecteurs du blog n'auraient pas appris, à l'école militaire, ce qu'ils savent déjà : Pierre de Villiers estime avoir suffisamment payé à la réforme de l'Etat, maintenant il faut payer l'effort de guerre (la France est en guerre quasi continue depuis 1999...) et gagner les fameux 2%. La sortie -sans doute patiemment pesée- du CEMA est... sortie du lot dans des débats plutôt conformes. Les arguments martelés par le général sont disponibles encore dans le fil direct, écrit sur mon twitter @defense137, le pendant temps réel de ce blog.
La présidente de la commission de la Défense a, elle, sorti sa calculette à milliards d'euros, s'arrêtant sur le chiffre 4 : ce qu'il faudrait débourser en plus... chaque année. Un milliard pour la dissuasion, deux pour les trous capacitaires du CEMA, un pour payer les non suppression de postes. Les Français seront-ils d'accord pour le payer sur leurs feuilles d'impôt ? Un vrai test de la popularité pour les armées, et de... parler-vrai des politiques pendant la campagne électorale, qui en matière de défense, a déjà commencé depuis des mois.
La présentation statique de lundi matin était là pour rappeler que ces débats, parfois feutrés, orientent la vie de quelques hommes et femmes à la pointe du combat (un euphémisme, évidemment). Les commandos marine devaient recevoir 20 Ecume, à l'origine, ils n'en auront que 15 (toutes livrées). Les forces spéciales sont la priorité affirmée de deux présidents successifs depuis 2008, et d'autant de livres blancs.
Ces débats de défense orientent aussi des programmes pas encore lancés : la DGA montrait comme elle s'apprêtait à livrer des options au ministre, sur le HIL. Ou comment, encore, elle avait réussi à faire une équipe de France (réduite) pour lancer en temps et en heure la future FTI... autour d'une jeune directrice de programmes plutôt punchy (1). Selon Hervé Guillou, qui a assisté à la présentation avec le nouveau CEMM, l'objectif de lancement en fin d'année reste maintenue, à charge de ses équipes de trouver la juste configuration... budgétaire.
Ces UED ont aussi vu des têtes connues dans de nouveaux habits : Patrick Brethous a quitté Barkhane pour le CFST, et commençait déjà à prendre langue avec Laurent Isnard le nouveau GCOS, encore une étoile de moins, et encore accaparé par son ancien poste de CPOIA. François Lecointre conseille désormais le Premier Ministre, et le nouveau CNR Yann Jounot a pu s'immerger dans sa nouvelle matière.
Ces 14e UED ont enfin aussi vu le départ d'Eric Schmidt, l'organisateur fidèle depuis le début, qui assure un ultime round avec le forum de Dakar. C'est dans trois mois.
(1) la DGA aime les femmes, ses deux plus hautes gradées, Monique Legrand-Laroche et Caroline Laurent étaient présentes à ces UED... encore très masculines.