L’aéronavale poursuit une double évolution, sous les couleurs de Vichy, où elle s’oppose aux alliés, en Afrique et au Moyen-Orient. Et en Grande-Bretagne, où le groupe de chasse (340 Sqn) Ile-de-France, formé sur Spitfire le 16 novembre 1941 à Turnhouse compte une forte proportion de marins (un an plus tard, les marins laisseront les aviateurs de l’armée de l’Air entre eux) : majoritaires chez les mécaniciens, et avec quatre pilotes, dont le premier commandant (français) de l’escadron, le LV Philippe de Scitivaux de Greische (1). L’officier prend ses fonctions le 1er février 1942, et est abattu le 10 avril 1942 à proximité de Boulogne-sur-Mer, lors du premier affrontement d’ampleur avec les Allemands.
Trois autres –l’officier Roland Claude et les sous-officiers pilotes Francis Delery et Gaston Kerlan- sont embarqués avec le 807 Sqn et combattent, sur SeaFire, depuis les porte-avions Indomitable et Battler.
(1) Fils d’un officier de cavalerie tué en 1914, Philippe de Scitivaux de Greische entre à l’école navale en 1931, et est breveté pilote en 1937. Il combat les Allemands avec l’escadrille AC1, et obtient une victoire sur un trimoteur allemand, mais est blessé, le 10 mai 1940, réussissant néanmoins à ramener son appareil et ses deux membres d’équipages à la base. Soigné à l’hôpital de Boulogne-sur-Mer, il doit s’enfuir devant l’avancée allemande, à bord d’un chalutier belge. Revenu en France, il est menacé et rallie Londres en juillet, via Bayonne et Gibraltar.
A 29 ans, il devient aide de camp de l’amiral Muselier, chef des FNFL, puis il est affecté dans un squadron anglais, le 245 Sqn, à partir du 1er octobre, puis, au 253 Sqn, de fin novembre à la fin mars 1941. Il rallie ensuite les 249, 242 puis 615 Sqn. En septembre 1941, il a abattu trois avions allemands, coulé deux bateaux. En novembre 1941, il est à la tête d’un des trois flights (escadrilles) du tout nouveau 340 Sqn, le groupe de chasse « Ile de France ». Il succède à sa tête au squadron leader Keith Lofts, le 31 janvier 1942.
Abattu le 10 avril 1942 au dessus de Condette (Pas-de-Calais), il est fait prisonnier et envoyé dans un oflag –dont il tente de s’évader- après quatre mois d’hôpital, à nouveau transféré dans un oflag plus dur, en Silésie. La troisième tentative d’évasion sera la bonne, en février 1945, et il réussit à rallier Paris, et reprend les missions comme si rien ne s’était passé.
Après-guerre, il commande l’aéronavale français aux Etats-Unis, où sont formés une partie des pilotes, puis la base aéronavale de Port-Lyautey, puis il commande le porte-avions Bois-Belleau, en 1957-1958. Il terminera sa carrière en 1971, comme vice-amiral d’escadre.
Il est compagnon de la Libération, comme son frère aîné, qui fut, lui, pilote dans l’armée de l’Air, et reçut six citations sur sa croix de guerre. La Grande-Bretagne l’a également décoré de la Distinguished Flying Corps (DFC)