Parallèlement, l’aéronavale embarquée ne se développe que très lentement. Ce n’est que le 10 mars 1927 qu’à lieu le premier appontage à la mer (et le premier nocturne) avec la mise en service du Béarn, un navire de 25.230 tonnes, qui ne file qu’à 20 noeuds. Paul Teste avait bien apponté en 1920, mais la coque n’avait pas encore de moteur, et le Béarn était sur coffre.
Comme la plupart des porte-avions de l’époque, c’est un ancien bâtiment –un cuirassé, en l’occurrence- converti, délaissé comme tel car excédentaire après les accords de Washington.
Deux ans plus tard, les avions du Béarn connaissent leur première –et dernière- opération depuis la mer, en allant survoler le Maroc.
Tardivement, bien trop tardivement, la marine lance en 1936 deux porte-avions de 18.000 tonnes, les Joffre et Painlevé, dont la guerre interrompra la construction. Le Joffre ne sera achevé qu’à 30% en 1942, et détruit sur cale.
Les nationalisations de l’outil industriel, les rivalités interarmes –à l’intérieur de la marine, pour savoir quelle importance donner aux aéronefs- et avec la jeune armée de l’Air, qui reçoit la priorité des moyens, ne simplifient sans doute pas les processus d’équipement. Le résultat se retrouve donc à l’entrée en guerre, qui disqualifie déjà le porte-avions comme un moyen de guerre navale, alors qu’il jouera un rôle incontournable, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.