lundi 6 décembre 2010

Rameutons nos Capacités Immédiatement

Un groupe de combat du 2e RIMa escorte des ressortissants, lors d'une évacuation, en 2004. (crédit : DR).

A Paris, la position d'attentisme sur la Côte d'Ivoire est passé, en quelques jours, à la perplexité avant que l'on ne sente poindre la préoccupation. Arbre qui cache, on le sait, la grande forêt de l'inquiétude. La légendaire imprévisibilité de la politique ivoirienne ne semble pas la seule en cause pour expliquer ce glissement.
Il y a pourtant déjà plusieurs milliers de Français en moins, comparé à la situation de 2002 : entre 10.000 et 14.000, contre 20.000 à l'époque. C'est autant de moins, potentiellement, à évacuer.
L'effectif militaire français (1) n'est pas tellement différent de 2002, quand les ennuis avaient commencé : il n'y avait aussi, déjà, qu'un bataillon dans la place -le 43e BIMa-, et pas le moindre hélicoptère. Aujourd'hui, on en compte... un nombre raisonnable (2).
En huit ans, rien n'a changé dans les dispositifs de crise : le fidèle Guépard est toujours prêt à bondir, depuis la métropole, au coup de sifflet. Le Guépard a des petits, en Afrique, au Gabon, où les compagnies sont par nature toujours "prêtes à, en mesure de...", tout comme au Sénégal, où on n'a pas encore dévissé tous nos intérêts dans la place. Et le bâtiment Corymbe est, par un hasard que seule une soigneuse planification permet, un TCD -le Siroco-, avec lui aussi un bon complément aéromobile (3).
Seulement, l'armée française a moins de muscle qu'en 2002-2003. C'est particulièrement le cas des avions de transport d'assaut (ATA), touchés par une saignée régulière, depuis le début de la décennie. En 2002, ce sont des Hercules qui "ouvrent" la porte, mais quelques mois après, il n'y aura plus aucun en état de vol (sur un total de 14...). La situation ne serait guère satisfaisante sur ce même... front, aujourd'hui.
Or, l'ATA -et sa version ultratactique, l'hélicoptère de manoeuvre- est le coeur d'une opération d'évacuation de ressortissants. Tout comme, faut-il le rappeler, une piste d'aéroport. Celle de la capitale ivoirienne était, aux dernières nouvelles, aux abonnées absents.
C'était prévisible, le déficit capacitaire en matière d'ATA, "révélé" par les affaires sahéliennes en septembre, n'a pas changé, en deux mois.
Tout comme l'intensité d'emploi des forces spéciales, déjà très largement mobilisées sur d'autres dossiers prioritaires. Même si on connaît leur légendaire capacité d'ubiquité.
Bref, on serait reconnaissants aux Ivoiriens de régler pacifiquement leurs problèmes de démocratie interne. Au risque, sinon, de (re-)découvrir quelques difficultés chez nous. Alors que nous baissons la garde budgétaire, cela ferait vraiment désordre.

(1) on m'objectera bien sûr que l'ONU dispose de milliers de casques bleus dans le pays (8.000 ?)... dont on sait que la mission est de rester neutre.
(2) le 1er RHC était sensé démonter le dispositif, en juin prochain, si les élections se déroulaient correctement.
(3) la présence navale dans Corymbe a très largement varié pendant vingt ans, passant parfois de un à deux TCD (ou un BPC), à un simple aviso.