dimanche 22 novembre 2009

Des SMP en Afghanistan

Jacques Follorou écrit dans Le Monde sur les sociétés militaires privées (SMP), essentiellement américaines, opérant en Afghanistan. Un papier à lire, pour mieux mesurer certains échecs de la formule, et le vide momentané qui pourrait se faire, du fait du départ des forces US d'Irak, comme le souffle un des contractors interrogés par le confrère. La nature a horreur du vide, et on fait plus d'argent en Irak qu'en Afghanistan.

Le + du Mamouth :
Quoiqu'on en pense, l'emploi des SMP est avant tout un échec, celui des forces régulières à "faire le job". Soit parce qu'il n'intéresse pas les mêmes forces régulières (formation par exemple), soit parce que le risque encourru par ces forces n'est pas compensé par un avantage suffisant. La mort d'un contractor américain n'a pas la même valeur qu'un soldat américain. Tous ces éléments, auxquels s'ajoutent le business généré en Irak puis en Afghanistan, et sans doute, à nouveau, en Irak, ont consolidé la profession.
On voit cependant mal comment la France pourrait rester un ilôt, très longtemps : assimilé au mercenariat, les SMP sont aujourd'hui théoriquement impraticables sur le sol français par des Français. Et l'emploi de SMP par l'armée française serait un aveu certain d'impuissance: mais quand on n'a plus les moyens de sa politique, soit on réduit la politique, soit...
Comme le démontre cependant le recours à des gardes privés à bord des thoniers espagnols, la zone Aden-Seychelles est propre, cependant, à des expérimentations. Le Luxembourg y déploie d'ailleurs, non pas des gardes armées, mais trois avions privés (CAE Aviation) sous contrats effectuant une mission de surveillance, avec, il faut le noter, un certain succès.
La France pourra-t-elle longtemps rester à l'écart de tels mouvements ? Il y a un an, le ministère de la Défense reconnaissait phosphorer, mais il n'en n'est rien sorti de concret. Pendant ce temps, l'érosion de nos forces spéciales, par ailleurs peu employées pour ce qu'elles sont (1), continue...

Le papier du confrère :
http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2009/11/20/l-afghanistan-nouveau-marche-des-societes-militaires-privees_1269827_3216.html

(1) ce blog l'a rappelé, il y a quelques mois : le taux d'emploi des forces spéciales n'a jamais été aussi bas depuis longtemps, peut-être même depuis la création du COS en 1992. Faut-il même le rappeler, ces unités ne sont de surcroît déployées actuellement, en Afrique ou en Afghanistan, pour aucune mission spéciale, mais pour des entraînements ou des formations. A ce sujet, rappelons l'existence du plaidoyer pro domo de l'ancien patron d'Ares VIII, et dernier patron des opérations de la cellule de coordination de l'OTAN, dans la revue Marine, ici :
http://lemamouth.blogspot.com/2009/11/afghanistan-le-peril-fs.html