Ni promenade de plaisir, ni opex, bienvenue à Lynx, une mission opérationnelle de l'armée de terre, une
missops comme disent les concernés. 300 militaires (de la 2e BB actuellement, avec des éléments de soutien, j'y reviendrai) se relaient en Estonie par période de trois mois pour les équipages Leclerc (afin de faire passer quatre unités élémentaires), tous les quatre mois pour les autres.Ce mandat-ci est singulier : la France et son armée de terre ont doublé la mise de Leclerc, affichant ainsi autant de chars français (à 56 tonnes) que de Challenger 2 (à 70 tonnes) dans l'Estonie qui ne voit pas régulièrement passer autant de chars. Au dernier standard : avec 12 Leclerc (8 engagés, 9 en comptant celui du CDU, deux spare et un potentiellement en entretien), l'effort de l'armée de terre n'est pas neutre. Puisque ces chars doivent durer un an sans intervention du NTI3, et même si personne ne le souhaite, pouvoir également répondre, en vrai, en cas d'attaque, d'où quelle vienne. Tout les équipements nécessaires sont présent s'il fallait y aller.
Les forces estoniennes constitueraient le premier rideau, et juste derrière, on trouverait cette réassurance offerte par l'OTAN, avec notamment des Britanniques (qui commandent le bataillon dont dépendent les Français), des Canadiens, des Américains, des Danois (les alternants des Français au sein du bataillon britannique).
Evidemment, vu l'actu régionale, un parfum supplémentaire d'essentiel est visible : face à la Russie (ou la Biélorussie), toute marque de fléchissement ferait vraisemblablement l'objet d'une exploitation, rapide ou non.
Cette fermeté visible de Paris dans son dispositif est évidemment appréciée à sa juste valeur, d'autant plus que la France délivre aussi une capacité aérienne tous les deux ans. Et régulièrement, d'autres capacités moins visibles, mises au service de l'OTAN et de la réassurance.
Pour l'armée de terre, c'est une cure supplémentaire de rusticité. Le colonel Bruno, French SNR (et jeune retraité) le rappelle, le déploiement actuel est arrivé par -17°, et a combattu dans à peine plus chaud, ce qui éprouve militaires et mécaniques. Le terrain utilisé pour cet aguerissement très à l'est est aussi propice à retravailler quelques fondamentaux. En y ajoutant une couche de haute intensité, combattre longtemps sans trop souffler, et un des piliers du CEMAT trouve ici une nouvelle application.
Le tout en interallié : bref, Lynx, une missops qui coche bien des cases, pour pas trop cher. Dans l'air du temps.
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