L'élu explique encore, toujours dans son introduction que les journalistes "peinent à assurer leur mission d’information dans la mesure où la fonction de porte-parolat n’est pas pleinement assurée par la DICoD".
Rappel salutaire, le rapport détaille ensuite les devoirs de la DICOD, notamment en matière de communication de crise, de porte-parolat, ou de relations avec les média, on les trouve dans un décret de 1998. Dans le cadre opérationnel, le CEMA peut donner des "instructions" à la DICOD.
Le rédacteur du rapport a une longue analyse assez normative et institutionnelle du paysage, qui peut sembler barbante, mais permet de dresser le décor pour bien comprendre la suite.
Entre 2008 et 2020, le budget de la DICOD a diminué de 50% assure le député, mais ses effectifs... aussi (-55% selon la DICOD, passant de 220 à 122 ETP, mais en fait seulement 110 personnels en poste). Il y a de bons restes, 4,98 MEUR en crédits de paiement dans le cadre du budget, selon l'élu.
En parallèle, la composition de l'effectif civil a varié, passant de 51% en 2013 à 56% désormais (le chiffre de 67% est aussi visible plus loin, on n'a pas d'explication à ces deux chiffres). La part des contractuels civils s'est accrue, passant de 42% en 2016 à 49% en 2020.
Comme au SSA, les femmes sont majoritaires à la DICOD, 55% de l'effectif, et elles détiennent l'essentiel des postes à responsabilité, dont les deux postes de direction, et l'entité en charge de l'influence.
La DICOD emploie 48 catégories A et 29 officiers, donc une forte majorité du personnel est de conception.
Le focus sur l'EMA COM est aussi intéressant car on y apprend que l'entité pilote aussi la com de 30 organismes rattachés (sans pour autant avoir pu mobiliser grand monde durant le covid-19). L'élu explique que les moyens de l'EMACOM sont trop limités, avec une vingtaine de militaires seulement. Si l'on considère que l'engagement opérationnel est la finalité des armées, on peut en effet s'étonner d'un tel déséquilibre. Avec un seul community manager, une seule infographiste (même talentueuse), un seul photographe.
Mais néanmoins, la main opérationnelle sur 100 communicants déployés en instantané (et 230 sur toute l'année 2020, ce qui nécessite donc un vivier, qui doit aussi pouvoir parler anglais, se servir de ses armes, etc). On peut au passage, réalité qui n'est pas parvenue jusqu'au rapporteur, s'étonner qu'il faille taper dans la réserve pour trouver un conscom à Barkhane, alors que les titulaires d'active ne manquent pas. On peut s'étonner aussi que ce réseau ne produise que 23 compte-rendus par semaine.
Les chefs de Sirpa ont une "triple casquette", porte-parole (exercé particulièrement dans la marine et l'armée de l'air et de l'espace ces dernières semaines), chef de sirpa et conseiller communication de son armée. Pour ces Sirpa, et vue l'étendue de leur champ d'action, le rapporteur évoque des "moyens humains restreints".
La DGA, qui n'emploie que moins de 10.000 personnes a un service de communication de 42 personnels (soit l'équivalent d'un Sirpa d'armée), la moitié à Balard, le reste en établissements. Le budget s'élève à 1,2 MEUR en crédit de paiements.
L'agence d'innovation de la défense, une centaine de personnels, en affecte trois à la communication (et un apprenti) pour un budget particulièrement consistant de 190.000 EUR en 2019, 280.000 en 2020, et 300.000 en 2021 (soit l'équivalent du quart du budget com de la DGA). Le détail de l'emploi de ces crédits n'est pas donné.
Le SGA, un des grands pieds du ministère, l'est aussi pour la com, avec une vingtaine de personnels affectés au sujet en central et un correspondant dans chaque direction. La SGA a été saisie d'une demande de réduction de ces effectifs.
Après avoir rappelé l'insolente efficacité du Sirpa... gendarmerie, le rapporteur entre dans le vif de son sujet, la DICOD, qui concentre pour lui trois problèmes : le "chevauchement structurel entre la mission de communication transversale de DICOD et la mission de communication du SGA, ensuite, la politique de ressources humaines de la DICoD, fondée sur un processus de civilianisation et le recrutement de contractuels aux profils spécifiques soulève des interrogations, au regard tant de la nécessité de remplir le contrat opérationnel que de l’identité militaire du ministère. Enfin et surtout, pendant que se déroule ce processus, la fonction de porte-parole, pourtant au cœur de la mission de la DICoD, ne semble plus pleinement assurée, détériorant l’accès à l’information essentiel à la couverture journalistique des armées."
Autre coup de griffe, en observant que "le rapporteur considère – transformation ou pas – qu’il importe de conserver au niveau central un vivier de personnels qui ne soit pas déconnecté des réalités opérationnelles".
Le rapporteur a manifestement aimé "le magazine Air Actualités (qui) présente, à un niveau de qualité qui n’a rien à envier aux magazines spécialisés proposés par le secteur privé, de véritables dossiers de fond, des portraits, des interviews, des actualités et un poster en couleur recto verso en cahier central – le tout étant produit, sur papier glacé, par une petite équipe de militaires passionnés. Compte tenu de la qualité de ces magazines, le rapporteur tien à insister sur la nécessité de ne surtout pas mutualiser les journaux des trois armées afin que chacun d’entre eux conserve son identité propre". Par contre, il est beaucoup plus sec pour Armées d'aujourd'hui qui n'est plus publié depuis un an. "Le rapporteur ne peut que s’interroger quant à l’interruption de cette publication pendant une aussi longue période et regretter l’absence d’un magazine d’actualité du ministère des armées. Il semble que la DICoD projette de publier un « mook » : le rapporteur s’interroge quant à la pertinence d’un tel format à destination des lecteurs traditionnels des magazines proposés par les armées".
Sur la fonction de porte-parolat, le rapporteur rapporte les besoins émis par des journalistes de revenir à des points presse hebdomadaires.
Claude de Ganay livre aussi son portrait-robot d'un(e) porte-parole : "le rapporteur considère qu’il serait approprié que le profil professionnel du porte-parole du ministre des armées présente un parcours éprouvé dans le domaine de la communication de crise et la communication institutionnelle : le porte-parole du ministère étant celui qui « prend le micro » pour s’exprimer devant les journalistes, il doit maîtriser le domaine couvert par son ministère."
Mes infops et photos sur le twitter @defense137.