C'est un communiqué très sobre et pour tout dire un peu curieusement positionné dans la journée
(21h59) hier soir qui en informe la presse, le général Bernard Barrera fait son adieu aux armes aujourd'hui (1).Après avoir libéré son bureau à Balard, il s'installera dans une tour de La Défense, comme conseiller militaire Terre de Thales, dans les traces d'Alain Bouquin, qui avait déjà bien renouvelé le genre. Ce blog avait dévoilé l'info en juillet dernier.
Avec Pierre de Villiers, mais pour des raisons différentes, Bernard Barrera est un des rares généraux connus des Français car il entre dans l'histoire en janvier 2013 quand sa brigade libère Tombouctou au terme d'un Clermont Ferrand-Tombouctou qui se poursuivra encore dans l'Adrar. L'état-major suivant, à l'ancienne, dans la rame : un fait peu commun en 2013, même dans la cohorte d'opérations expéditionnaires de la France depuis 1962.
Des zones qu'il veillait déjà quand il était au cabinet militaire de Matignon, avant de commander sa brigade, dont les souvenirs, avec ceux des Chasseurs (son corps d'origine, spécialité antichars) parsemaient son bureau. Pas les brodequins de l'époque, qui avaient mal tenu le coup, et dont le général avait fait fait déchausser son état-major pour donner de la marge à la troupe. Une anecdote alors dévoilée par ce blog : c'était, pour être franc, ma première rencontre (à distance) avec l'intéressé, première d'une série de posts plutôt longue à re-découvrir ici.
Militairement, d'ailleurs, la carrière du général est manifestement riche, avec quatre croix de la valeur militaire (dont une avec palme) pas forcément courantes pour un général cinq étoiles. Descendant d'un fermier bombardé brancardier en 1914-1918, Barrera a conservé de cet homme de terroir un parler rugueux mais rigoureux et ferme, même arrondi par un presque sempiternel sourire et une faconde incontournable, qui l'auront qualifié pour le poste de D2 à la DICOD, avec l'ancien journaliste Pierre Bayle.
Un des pères de la BOA (l'actuel Scorpion) il y a maintenant... 20 ans (la vitesse de gestation d'un programme qui au final a pris cinq ans de retard), Bernard Barrera a ensuite pris le poste de major général de l'armée de terre (désormais détenu par Hervé Gomart) où il a travaillé aux fondations d'un autre système, Titan, qui doit donner toute sa cohérence à l'armée de terre, vers 2035-2040.
Bref, c'est une perte pour le minarm, et une très belle prise pour Thales, d'autant que Barrera a aussi gardé de ses opérations la réalité, interarmes et interarmées. Un fédérateur, donc.
(1) une sobriété médiatique encore plus profonde avait concerné le départ du général de Saint Quentin, en septembre, qui n'avait fait l'objet d'aucune communication.
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