jeudi 23 juillet 2020

Un choix personnel et assumé de la minarm

C'est assumé, le choix du nouveau chef de l'école de l'air, madame le général Dominique Arbiol,
comme le ministère fait savoir qu'elle souhaite être appelée, est un choix personnel de la ministre (que l'intéressée n'a évidemment pas appelé). C'est souvent le cas, on l'oublie ces derniers jours, dans la plupart des nominations : les états-majors suggèrent, la ministre peut biffer les noms, les fonctions, comme, évidemment, le président de la République. Les exemples pullulent, pour des hommes, moins pour les femmes.
Cet état de fait ne lui enlève aucune de ses qualités : Dominique Arbiol a commencé comme sous-officier mécanicien (combien de généraux peuvent le dire), a réussi le concours des EMA (pas beaucoup non plus) à une époque où aucune discrimination positive n'existait pour les femmes, a grandi, en cravachant, dans le rens (les OGX qui en sont issus ne sont pas vraiment nombreux...). Et nul ne peut l'ignorer, Dominique Arbiol est une femme, ce qui est souvent une qualité objective dans un monde d'hommes.
Ce mélange que ses pairs du renseignement disent efficace dans le travail a déjà payé dans ses postes précédents. Sa progression vers le grade de général de division aérienne, qui était inscrite dans une liste qui n'existe pas, était programmée bien avant le choix ministériel de la placer à Salon-de-Provence : c'était celui de l'EMAA, et non de la ministre. Mais le choix de l'état-major de l'armée de l'air pour l'employer était différent, à l'origine. Un autre candidat, un homme, était déjà satellisé pour l'école de l'air, et devait prendre son commandement (un poste de général) en avril, alors qu'il ne figurait pas à la liste de décembre. Un cas plutôt rare, donc. Mais en avril, pas de mutation, pas plus en mai ou en juin. Il faut même nommer un général directeur de l'école de l'air à titre intérimaire, pas courant non plus. Surtout à l'école de l'air.
Tout est parti de la nécessité de remplacer plus tôt que prévu le général Olivier Taprest au poste de major général de l'armée de l'air. Pour remplacer celui parti chez Eurosam, c'est le général Eric Autellet, ancien patron de l'école de l'air, et alors directeur de cabinet du CEMA, qui est choisi comme MGAA. Il faut donc le remplacer aux côtés du CEMA, et pour que l'armée de l'air ne perde pas le bénéfice du poste, c'est le patron de l'école de l'air, jugé haut potentiel, qui prend sa place au pied levé, en avril. Jérôme Bellanger désormais parisien, il faut un remplaçant à Salon-de-Provence, il est identifié, dans l'entourage immédiat du CEMAA.
Ces plans réglés entre hommes ont été mis à bas par la volonté de la ministre de faire de Salon-de-Provence une figure de proue du changement (et peut-être un jour, dans un an par exemple, Saint Cyr). L'évincé n'en pâtira pas, avec des étoiles prévues, et un beau poste en rapport avec une partie de sa formation.
Le choix ministériel, dont les motifs ont vite été connus puisque la ministre les a assumés en public, passe mal en interne, où certains, y compris des femmes, déplorent un choix qui peut revenir en boomerang contre les femmes, y compris celles qui ont tout d'une grande pour fracasser un plafond de verre posé par les hommes.
Depuis 2017, pourtant, toutes les promotions de femmes n'ont pas donné les résultats attendus. Certains hommes, qui n'ont pas digéré la progression des femmes au minarm, s'en délectent. Car ces cas de promotion accélérée n'ont pas forcément suscité des candidatures de femmes destinées à  alimenter le vivier des hauts potentiels. Et n'ont pas forcément convaincu dans leurs nouveaux postes. Cela existe aussi chez les hommes, une donnée souvent ignorée dans les discussions du moment, monothématiques.

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