Déjà, en 2018, le minarm avait sous-recruté de 211 millions d'euros. Incompréhensible, dans un pays
touché par le chômage, et où la côte des armées dans les sondages est invariablement excellente. C'est en partant de cette sous-consommation que le sénateur d'Ille-et-Vilaine Dominique de Legge a lancé un rapport d'information intitulé "Améliorer la condition militaire, une nécessité stratégique, opérationnelle et humaine".
Le document n'est pas très épais, mais il recense à peu près tout ce qui ne marche pas en matière de RH au minarm, et y ajoute ses points d'inquiétudes, notamment sur les retraites, l'Inquiétude du moment des militaires.
Le sénateur confirme ce qu'on savait déjà : les militaires sont de moins en moins nombreux à investir dans le temps, et n'hésitent plus à partir, quasiment sans préavis. Manque de considération, meilleur tambouille dans le privé pour des professionnels bien formés et expérimentés, les raisons sont connues. Les taux de renouvellement des contrats sont notablement trop faibles (seulement 50% chez les fusiliers marins, et pire, 30% chez les fusiliers commandos de l'air). Et leur durée ne permet pas parfois de rentabiliser des formations coûteuses et longues.
L'honorable parlementaire livre aussi des statistiques pour bien fixer le débat. Des attritions qui restent particulièrement préoccupantes, notamment pour des raisons médicales (physiques ou psychiques) et même... judiciaires, avec des casiers loin d'être vierges. En 2017, le taux global d'attrition par cohorte de militaires du rang, sur deux à cinq ans était de 48,76% dans l'armée de terre, 38,9% dans l'armée de l'air (en hausse de cinq points) et de 24,5% dans la marine (en baisse).
Il constate aussi les difficultés réelles à fidéliser les jeunes générations dans des environnements non connectés avec les réseaux sociaux et téléphoniques.
Par ailleurs, il constate aussi une "usure" de certains personnels de la marine, assez rare (atomiciens, optoniciens, mécaniciens aéro) "en raison de taux d'activité particulièrement élevés".
Dominique de Legge s'interroge enfin plus fondamentalement sur la capacité de la société à pouvoir fournir encore suffisamment des candidats dans les années à venir, alors que les jeunes générations supportent moins les contraintes de mutations, ou de trop faible solde. Une inquiétude apparemment partagée par les personnes auditionnées, citées ou non.
Mes infops et photos sur le twitter @defense137.