Ce n'est pas une lubie de journaliste : dans sa dernière fournée de réponses à ses questions écrites, le
député François Cornut Gentille, qu'on ne peut pas soupçonner d'acharnement sur l'armée de l'air, constate la dégradation de la disponibilité des flottes de transport, en fait quasi continue depuis le début du millénaire.
Les chiffres sont accablants : 27,5% de disponibilité sur la flotte Atlas (à la fin 2018) pour un budget pourtant particulièrement élevé de 108,4 MEUR. En moyenne et depuis, seulement 4 à 5 appareils sont disponibles, sur une flotte de 15 appareils. Malgré ce tableau apocalyptique, Airbus s'est pourtant vu consacrer son rôle de maintenancier des flottes européennes par l'OCCAR, il y a quelques jours. Et pourtant, à quelques jours d'intervalle, l'appareil n'a pas pu présenter en meeting, au Bourget puis à Cazaux, ce weeekend, du fait de pannes qui lui arrivent aussi, dans son activité courante. Le CEMAT a lancé une charge contre les limites de l'appareil, face aux députés. Pour ceux qui seraient passé à côté, il n'est pas inutile de relire ce post.
Le dernier carré de Transall -16 fin 2018- n'affiche que 41% de disponibilité malgré les efforts herculéens des mécanos et le dévouement moniacal de ces sous-officiers. Mais l'appareil, désormais sous perfusion, connaît une fin de vie difficile, dans laquelle une panne succède à une autre. A Niamey, il arrive que 100% de la flotte soit clouée au sol. Le tout, à un coût par ailleurs insupportable vu le nombre d'avions en parc. Et avec un risque qui va croissant pour la sécurité des vols.
La flotte C-130H n'arrive pas à sortir de l'ornière, et régresse encore d'un point de disponibilité à 19,4%. Ceci, alors même que le rétrofit de la flotte n'a toujours pas vraiment commencé, et malgré le changement de prestataire. Les contrats opérationnels (un avion pour les opex, et le reste pour les unités spécialisées) est à peine tenu.
La flotte Casa (27 avions) reste entre deux eaux, à à peine plus de 50%.
Seule la flotte C-130J (neuve) s'en sort bien, avec 75,6% et... seulement deux avions. Les deux autres suivent, avec du retard.
A la lecture à peine rapide de ces chiffres, on comprend qu'assez vite, la 11e BP va avoir du mal à tenir ses objectifs d'entraînement, sans avoir recours à des moyens privés externalisés. Ou renoncer partiellement à son format parachutiste. Ce format n'est tenu aujourd'hui que par des artifices d'acrobates : faire sauter par exemple des compagnies en tournante en Nouvelle-Calédonie et à La Réunion.
Pour ce qui concerne le transport pur, seul le recours aux affrétés et aux alliés, comme le rappelait l'EMA il y a peu, permet de tenir juste la tête hors de l'eau. Mais on le voit bien, dès qu'il s'agit d'aller en première ligne et que les balles sifflent, il n'y a plus personne.
Bien plus grave encore, en cas d'opération réelle, il deviendra désormais difficile de trouver des avions autoprotégés pour opérer en zone de menaces. Des dérogations inquiétantes sont déjà prises.
Les élections à venir en Afrique, mais aussi l'instabilité qui y règne du fait du terrorisme vont pourtant nécessiter tout le spectre possible des parcs du transport tactique. Un vrai sujet de rapport parlementaire, pour ne pas dire de commission d'enquête, si une des commissions estime important de s'y coller.
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