mercredi 4 novembre 2015

Au Balargone, les milis inaugurent hausses et délais

Alors que François Hollande doit venir formellement inaugurer le Balargone, ses occupants -ils sont
désormais au complet- ne peuvent que constater, souvent impuissants, les très fortes différences de fonctionnement du nouveau site par rapport à ce qu'ils ont connu auparavant.
Tous ceux que nous avons entendu, depuis plusieurs mois, évoquent des gains évidents en matière de temps, un outil de travail plus moderne, à la hauteur des opérations du moment, qui demandent de la réactivité.
Outre le CPCO, le pôle opérations comprend notamment une salle de gestion de crise interministérielle, une autre de crise nucléaire, etc.

Mais cet apport est quelques peu éclipsé par... tout le reste. L'espace est contingenté, et même les chefs d'états-majors doivent se contenter de bureaux bien plus spartiates que ceux qu'ils détenaient auparavant. Ils ont néanmoins un avantage : la plupart de 9300 occupants n'ont le droit qu'à un seul objet de décoration personnelle, là où le CEM ont une partie de leur carrière sur les murs et étagères.
Chez le CEMM, une Kalach ramenée par les forces spéciales d'un théâtre extérieur, à l'ancien sous-chef ops de l'EMA, mais aussi une FREMM, un sous-marin (la spécialité d'origine de l'amiral Rogel) et des livres, une des passions de l'amiral Bernard Rogel.
Les estomacs doivent aussi débourser bien plus d'euros qu'avant. Chez Sodexo (1), on invoque une baisse de la facture pour le ministère -aucun élément ne nous a été fourni pour comparer- mais les consommateurs, eux, ont vu une flambée des prix qu'il paie (et c'est tout ce qui les intéresse).
Des témoignages convergents évoquent aussi des délais anormaux pour obtenir des consommables prévus au contrat, ce qui va du papier pour les imprimantes à celui servant aux toilettes. Dans ce domaine stratégiques, plusieurs intestins nous ont affirmé aussi que le nombre de WC a manifestement été calculé à l'économie (2).
Plusieurs sujets restent aussi à dominer totalement. Lors d'un colloque à l'amphi Valin, en début de semaine, les occupants du premier rang avaient froid, et les micros, eux, avaient un peu chaud, avec des craquements réguliers. Par contre, la musique lounge était plutôt réussie, nos oreilles n'étaient pas habituées à tout cela.
Le temps d'intervention de la maintenance, notamment sur le parc informatique, qui a connu des soucis étonnants, n'est pas compatible non plus avec les exigences d'efficacité des armées. Et comme l'a bien signalé mon camarade Vincent Lamigeon, côté facturation, la main est plutôt lourde.

Bref, sur bien des sujets, les attentes du client sont très fortes !
 
(1) le spécialiste mondial (700 MEUR dont 44% en Europe, mais ce CA défense ne représente que 4% de celui du Groupe) décline au Balargone une quinzaine de métiers dans son offre multiservices à Balard, qui va de la restauration au filtrage (1300 visiteurs accueillis au maximum dit Sodexo), en passant par la blanchisserie (300 tonnes de linge annuelles), le nettoyage, la gestion des espaces verts et la conciergerie, et même le pavoisement (soit la gestions de 190 drapeaux) soit, selon le groupe, 500 collabateurs (Sodexo assure qu'une quinzaine ont été embauchés dans le 15e arrondissement). Certains sont des prestataires -comme pour le filtrage-, d'autres appartiennent à Sodexo.
(2) Sodexo évoque 980 sanitaires sur le site, sans que l'on sache si sont aussi comptés dans ce chiffre ceux de la piscine, des 737 chambres, etc.

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