dimanche 1 novembre 2015

Droit et opex : un cas pratique

Alors que le ministère de la Défense tient un colloque au Balargone ce lundi sur le Droit et les opex, à
quelques centaines de mètres seulement, la radio RFI honorera la mémoire de la journaliste Ghislaine Dupont et de son technicien Claude Verlon, assassinés à Kidal il y a deux ans.
Toute la journée, la station évoquera leur mémoire, et posera les questions pour comprendre (1). Dans la liste figurera forcément celle-ci : pourquoi autant de temps pour déclassifier les documents d'activité de l'armée française qui opérait dans cette zone ? On peut rappeler au passage que l'armée n'est accusée de rien, la justice demande juste des pièces sur son activité dans cette zone.
La Défense a déjà, jeudi, apporté ses réponses, évoquant l'archéologie nécessaire des archives, un besoin de "détourage".  Bref, de temps.
Il est vrai qu'avec une information judiciaire ouverte il y a 18 mois, la Défense peut être surprise qu'on lui demande les éléments en sa possession... alors qu'elle était la seule représentante du gouvernement français dans cette zone hostile. Mon confrère Olivier Fourt a expliqué dans sa question, jeudi, la présence d'agents de la DGSE, de commandos du COS, et même... de prévôts, des gendarmes habilités pour conduire des enquêtes. Cette liste n'est évidemment pas exaustive.
Plusieurs ministres ont évoqué par le passé la surclassification, un vrai problème, surtout quand il faut déclassifier. On est manifestement sur un cas de ce genre.
A défaut d'obtenir des documents, un juge d'instruction peut entendre, sans permission de qui que ce soit, des militaires -ou leurs chefs, plus facile à trouver- qui peuvent l'éclairer sur son dossier. Des militaires qui n'ont en plus rien à se reprocher (1) seraient sûrement ravis de rendre service à la justice (non ?).

(1) une conférence de presse des amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon est également prévue demain matin.
(2) l'armée française avait logiquement déconseillé, et plusieurs fois, d'aller à Kidal. Les confrères sont allés faire leur travail, en pleine connaissance des risques... qu'ils connaissaient déjà.