Le plaquage rapide des réalités de l'Afghanistan sur celles du Mali est un exercice risqué, on peut cependant constater que les matériels acquis pour ce théâtre, ou customisés pour ce théâtre, via l'adaptation réactive vont resservir au Mali. Assez vite d'ailleurs : au détour d'une image livrée par le ministère, on croise des pare-balles récents, là où les légionnaires envoyés en RCA, fin décembre, n'avaient droit qu'à de vieilles frags, toujours selon les images diffusées par le ministère.
Autre exemple flagrant, les protections auriculaires et occulaires, introduites sur grande échelle pour le premier GTIA Kapisa. Ou encore les matériels des équipages de ciblage, popularisées par l'Afghanistan. Dans une vidéo diffusée ce jour, on reconnaît un VAB TOP, quoique le tourelleau reste protégé par une bâche. Ce type d'équipement permet, rappelons-le, de préserver le radio-tireur, d'être très précis donc d'épargner les munitions -un sujet crucial dans Serval- tout en accentuant les capacités de combat nocturne. Autant d'atouts que n'a pas la Sagaie, qui par chance, n'a pas connu l'Afghanistan mais fait donc figure d'incontournable au Mali.
Dans les heures qui viennent, on devrait voir des images de Tigre qui ont eux aussi aussi été très largement afghanisés (surblindages notamment). On pourrait même, assez rapidement, voir des VBCI au Sahel (1), qui malgré une masse assez imposante, affichent une belle protection contre les armes des djihadistes, un canon assez efficace sur des pickup, et une optronique intéressante pour le combat de nuit.
Constatons enfin que les effectifs de Serval ont vite pris du volume : 1700 militaires déjà impliqués (dont 800 au Mali même) et bientôt 2500. Il n'aura suffi que quelques heures pour consommer les effectifs "combattants" épargnés en quelques mois, en Afghanistan. Et ce n'est, évidemment, qu'un début. D'ores et déjà, il y a plus de militaires engagés dans Serval qu'en Afghanistan : en effectifs, Serval est désormais l'opex n°1.
(1) En déplacement aux EAU, le président s'est fait présenter les matériels de la base, notamment ceux qui seraient susceptibles d'être utilisés au Mali. La base héberge, entre autres, des VBCI. Mais ce sont surtout les Rafale du Lorraine qu'évoquent les articles des confrères. Trois sont actuellement à Bahrein.