mardi 24 mai 2011

Pourquoi il y aura plus d'Apache que de Tigre

Comme le petit Poucet, les Britanniques avaient laissé quelques petits cailloux sur la route qui va emmener leurs Apache sur la terre libyenne. Le dernier était l'évocation presque banale de tirs de missiles Hellfire, par des Apache, sur des cibles navales. Les Apache étaient à la fête.
Ils le seront donc aussi en Libye, a-t-on eu confirmation hier. Sans prendre le moindre risque, on peut dire qu'il y en aura beaucoup plus que de Tigre. La raison est simple : 67 Apache (qui emportent canon, roquettes et missiles) ont été livrés à l'Army Air Corps, alors que l'ALAT, elle ne vient seulement que de recevoir son 30e Tigre (qui n'emporte que canon et roquettes). Sur ce chiffre, seulement 17 Tigre sont aptes aux opex, comme je le rappelais dès la semaine dernière. A partir de là, pas de miracle à attendre, alors que trois Tigre sont déployés en permanence en Afghanistan (1), ce qui impacte la flotte en métropole. Une flotte qui est actuellement en plein rétrofit, seulement quelques années après avoir été livrée. L'armée de terre n'y est pour rien : elle prend les matériels qu'on lui donne.
Evidemment, une telle réalité a dû faire bouillonner un peu sur la rive droite. 30 Tigre livrés, 17 aptes aux opex, et seulement..., enfin, quelques uns sur le BPC (2).
Réalité cruelle, mais peut-être fera-t-elle réfléchir sur le format utile de la flotte Tigre, dont 80 exemplaires ont été commandés (sur les 215 prévus à l'origine). La problématique, et les lecteurs de ce blog le savent, est à peine différente pour les hélicoptères de maneouvre.
On ne pouvait évidemment pas souhaiter le malheur des citoyens libyens pour mettre les réalités de la politique de défense française sur la place publique. Néanmoins, à un an tout rond de l'élection présidentielle, les données du problème (insoluble) sont sous nos yeux.

(1) les Britanniques déploient également une dizaine d'Apache en Afghanistan.
(2) on l'aura compris, il n'y aura pas 12 Tigre sur le pont du BPC, chiffre que quelques collègues enthousiastes ont cru discerner dans les propos d'un ministre.