Le Super Puma de Solenzara est mis en alerte vers 14 heures, et décolle à 14h25, après avoir embarqué deux "ploufs" (sauveteurs plongeurs) et le médecin d'astreinte sur la BA126. Pour s'affranchir de la météo, défavorable, l'engin file au nord et débouche au niveau de Calvi, avant de commmencer les recherches dans la zone qu'on lui affecte, à 15h03. Pendant trois heures, il va traquer le moindre indice dans le golfe de Porto,"mais la mer était blanche d'écume, on ne voyait rien" explique le major Gonzalès, plongeur-sauveteur (1) à bord de l'appareil. Les recherches se poursuivent même dans les terres. En vain. A 17h15, l'hélicoptère pose à Calvi, pour refueler.
Un Super Puma de l'armée suisse le relève. Un équipage mixte a été formé, pour pouvoir simplifier la navigation, et deux ploufs français ont pris place à bord. Encore trois heures de recherches, essentiellement au-dessus des terres. Pendant ce temps, le Super Puma de l'EH 6.67 est rentré à Zara, pour une opération de maintenance ponctuelle, puis a été relocalisé à Ajaccio, emportant un deuxième équipage avec lui, s'il fallait durer toute la nuit.
Alors qu'il va décoller pour Aspretto, le Super Puma est averti par l'Atlantique 2 que les naufragés ont été localisés. L'appareil dépose son deuxième équipage à Aspretto, puis rallie la zone de sauvetage. Le premier naufragé, en pleine eau, est localisé vers 21h15. "La mer était démontée, et le vent soufflait bien à 70-80 km" signale le major Gonzalès. Le "plouf" est donc descendu au treuil -"on ne droppe pas de nuit"-, alors que le Super Puma opère sous CVS (coupleur de vol stationnaire), à 60-70 pieds (15-17 mètres) de la surface.
Le canot, lui, est facilement repérable, à presque un nautique de là, avec un gilet de sauvetage accroché en travers, avec sa loupiote. Une fois tous les occupants récupérés, le Super Puma rallie Ajaccio, à quinze minutes de vol de là. Pendant lesquelles il faut remettre d'aplomb les naufragés. Un d'entre eux est placé sous monitoring par le médecin. Les quatre personnes auront été treuillées entre 21h20 et 21h48.
Même si de tels sauvetages ne sont pas réguliers, celui du jour n'était pas exceptionnel par le nombre de personnes récupérées, mais évidemment, par la météo.
Le major Gonzalès avait déjà récupéré, au début de sa carrière, 11 personnes en deux rotations, sur un céréalier grec, le Fenes, en 1996. A l'époque, le sauvetage s'était cependant déroulé avec un Puma, de jour et dans de meilleures conditions météo. Pour l'anecdote, c'était déjà avec le même pilote, le major Hughes Peuchot, le seul sous-officier pilote d'hélicoptère dans l'armée de l'Air.
(1) l'EH 6.67 emploie 14 "ploufs". C'est le deuxième plot en importance, après Cazaux, et avant Djibouti puis Tahiti.