Le dossier sorti par le Times éclaire d'un jour nouveau l'engagement de l'OTAN en Afghanistan. Chacun peut y cultiver sa méthode tranquillement, et laisser les soucis à celui qui suivra. Cela n'a jamais été une grosse révélation, les Italiens sortaient peu de Tora. Quand les Français sont arrivés dans le district, les cartes rens ressemblaient à une peau de Tigre. Des zones entières n'avaient jamais été visitées, en un an de présence. C'est donc par ce patient travail d'éclairage que les Français vont commencer. On sait qu'il y a des insurgés dans le district, mais personne n'ira imaginer qu'ils opèrent en bandes. L'article du Times dit 170 insurgés, le 18 août, d'autres disent beaucoup moins : peu importe, les 18, ils étaient sur les hauts, et donc, quasiment indélogeables (mais pas forcément indétéctables non plus). Ils avaient la surprise pour eux : à la guerre, c'est comme cela qu'on mène depuis toujours une embuscade.
Encore aujourd'hui, le renseignement allié comporterait de sérieuses lacunes. Ce n'est pas l'échange qui pose problème, la procédure elle-même est très lubrifiée ("beaucoup trop" disent d'ailleurs les spécialistes du sujet), par contre certains n'ont rien à échanger, parce qu'ils n'ont rien cherché. D'où, à nouveau, la peau de tigre visible, y compris à proximité immédiate de Kaboul, ce qui est particulièrement préoccupant, puisque des possibilités de sanctuaires insurgés existent réellement.
L'autre problème est celui du contact avec la population. On achète de tout : la tranquilité, donc, mais aussi du renseignement, des... interprètes (les anglo-saxons ont litérralement rafflé les meilleurs). Tout cela au détriment, on l'aura compris, de la qualité du renseignement humain.
Au moins une bavure aérienne de l'OTAN est imputable à un mauvais renseignement. Le "tuyau" avait été fourni par un potentat local qui voulait éliminer un rival. La méprise aura duré toute la nuit.