A quoi devraient ressembler les centres de commandement et de contrôle (C2) de demain ? C'est le sujet sur lequel planchent depuis quelques semaines des spécialistes de l'OTAN, parmi lesquels l'ancien patron du commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), le général Jean Patrick Gaviard, ainsi que le CASPOA, centre d'expertise du CDAOA qui forme précisément les experts du domaine.
En tout état de cause, les C2 futurs seront beaucoup plus participatifs qu'ils ne le sont aujourd'hui. Actuellement, on entre les capacités aériennes disponibles dans un grand ordinateur, qui mouline plusieurs heures, et produit le potage, l'ATO (air tasking order). Mais même en suivant un processus rigoureux, l'ATO est souvent déconnecté des réalités du terrain, et tourne trop lentement, comme c'est le cas en Afghanistan. Et un des retex actuels, c'est que le pion tactique doit être mieux associé à la production de l'ATO. Même s'il est à des milliers de kilomètres du CAOC (combined air operations center) comme c'est le cas actuellement : le CAOC est au Qatar, tandis que la plupart des aéronefs sont basés en Afghanistan même, à Bagram et Kandahar. L'objectif étant de pouvoir mettre plus efficacement en oeuvre le ciblage sur boucle courte, ou time sensitive targetting (TST).
L'autre retour d'expérience est que le C2 Air doit être mieux mis en resonnance, mieux intégré, avec ses homologues terrestre, et éventuellement, maritime. L'Afghanistan est une bataille aéroterrestre, comme nous les rappelons régulièrement sur ce blog, où le fragot à l'ancienne cotoie les liaisons des données crachant à plusieurs mégabits par secondes. Mais une intégration meilleure ne suffira pas ; il faudra aussi faire évoluer les cultures. Et des deux côtés du shelter : l'armée de Terre, sans doute conscience de ses lacunes, a décidé de professionaliser sa filière ciblage, avec le mise en place, à l'heure où nous écrivons, des D-LOC, ou détachement de liaison, de coordination et d'observation.