Le colonel Christian Baptiste, alors en charge de la communication opérationnelle de l'état-major des
armées, le rappelait souvent aux journalistes qui l'interpellaient en quasi-permanence sur les effectifs de Licorne, "ce qui compte ce sont les capacités, pas les effectifs".Quinze ans plus tard, la problématique militaire n'a pas varié, par contre, en temps de récession économique, tous les chiffres ont leur importance. Et pour tout dire la notion de capacité militaire ne fascine pas grand monde. Par contre, chaque contribuable (ou non, d'ailleurs) peut mesurer une forte augmentation d'effectifs. Et le phénomème qui doit suivre toute annonce de victoire (le mot central du sommet du G5 Sahel demain) : la décrue.
D'autant plus qu'à Pau, le chef de l'exécutif avait bien expliqué que le surge était une emplâtre le temps que la task force Takuba monte en puissance. Un an plus tard, elle monte encore en puissance, par contre, un bataillon tchadien (merci les Tchadiens) va se déployer dans la zone des trois frontières. Lui aussiavec retard du fait des attaques subies par le Tchad à ses frontières, par Boko Haram.
Il n'y avait que 3000 militaires en 2014 à la formation de Barkhane. Et il y avait même plus de drones (4) mais il est vrai qu'une partie d'entre eux (Harfang) étaient déjà périmés. C'est donc bien la capacité qui compte.
Seulement, en 2021, il y a quasiment autant de militaires officiellement inscrits à Barkhane qu'à Serval en 2013. Et 70% de plus qu'en 2014.
Après avoir neutralisé 1200 à 1500 GAT rien qu'en 2020 (plus que les rangs des djihadistes en 2013...), ces derniers ont encore des capacités d'action importantes. Un paradoxe qu'aucun briefing au Balargone ou à l'Elysée n'a réussi à expliquer.
Car il faudrait prononcer un mot (régénération), un mot assez logique finalement, mais qui peut amener à rendre Barkhane éternelle.
Or Barkhane est à un plus haut historique, un niveau d'ailleurs qu'il ne peut plus franchir. Ce chiffre est un totem.
Alors que ce niveau a déjà été franchi. Ne serait-ce que par la centaine de commandos français intégré à Takuba, une task force qui ne devait pas compter de français... puisqu'elle est sensée les remplacer !
L'effectif de Barkhane est aussi une notion abstraite quand il est toujours possible de sortir une compagnie en ENU pour la projeter discrètement en Afrique (cela s'est déjà vu). Il est aussi possible de faire venir des effectifs de la Côte d'Ivoire voisine : les Français y sont en prépositionnement, et donc, totalement disponibles pour toutes les opérations du CEMA.
La meilleure illustration a été incarné par le 2e REP : déployé au sein des FFCI fin 2019, il a en quelques jours réapparu au... Niger, tenant un record d'autonomie et d'opérations avec les forces nigériennes.
Les effectifs vont-ils varier ou non, demain ?
Des unités partantes partent déjà avec moins d'effectifs que prévu, dans la relève en cours. Quelques dizaines en moins ici, quelques unités là. Mais c'est la direction qui compte. De nouvelles augmentations d'effectifs, ou un maintien de l'effectif actuel, historiquement haut, auront un double impact : ils ne pourront pas traduire la réalité d'une victoire brandie par l'exécutif, et ils contribueront à maintenir des surcoûts opex élevés.
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