lundi 25 mai 2020

"L’action des armées doit être expliquée à la population"

Ce n'est pas un poète romantique ou un journaliste qui l'affirme, mais un commissaire du SCA, en
charge de la logistique, au CPCO. Le commissaire Antoine de Coster était au coeur de la manoeuvre de Résilience et c'est ce qu'il a expliqué aux députés de la commission de la défense, qui l'ont entendu, plus tôt, dans le mois.
"Les attentes de la population vis-à-vis des armées peuvent être très importantes, surtout dans une telle situation. L’action des armées doit être expliquée à la population. En cas de crise sur le territoire national, la priorité est de répondre en mettant en œuvre tous les moyens dont nous disposons."
Les Japonais l'avaient fait, après Fukushima, par exemple mobilisant intégralement les JSDF au profit de la population. La Grande-Bretagne a aussi très largement mobilisé, comme expliqué la semaine dernière sur mon twitter.
En France, les chiffres manquent, même si peu à peu, certains sont retrouvés, et figurent d'ailleurs dans cette audition.
Le général Christian Bailly l'assure, "l’ultime recours aux armées sur le territoire national, la présence militaire et sa visibilité contribuent systématiquement à atténuer l’anxiété de nos concitoyens (...) quand l’urgence s’impose sur le territoire national, c’est la priorité de tout le monde, et bien sûr celle des armées". Cet officier général de l'armée de terre qui commandait la zone de défense et sécurité est explique la séquence qui a amené à mobiliser les hélicoptères : "les hélicoptères ont constitué une réponse à l’urgence, qui était telle que la fréquence des vols MORPHEE était insuffisante". Une assertion pas forcément facile à comprendre car dans l'armée de l'air, un autre estime que les capacités offertes n'ont pas été suffisamment consommées... pour permettre d'employer les moyens des trois armées. Une telle vision avait déjà été exprimée par un autre quand un PHA de la marine avait été mobilisé pour ramener des patients de Corse.
La démonstration télévisuellement magistrale des TGV médicalisés (avec média embarqués, contrairement aux vecteurs militaires, avions comme hélicoptères) a contribué à faire taire provisoirement les rivalités interarmées. L'action de la SNCF et du SAMU75 a ainsi été expliquée à la population.
Rappelons que six vols de Morphée ont eu lieu pendant les deux mois de confinement, évacuant 36 patients (6 à chaque fois). Avec seulement trois Caïman (qui ont néanmoins beaucoup volé), l'armée de terre en a évacué 48. Et que même si c'est souvent mal compris, ou connu, c'est en fait bien la Sécurité civile a réalisé le plus d'évacuations avec ses hélicoptères, plus de 200, alors que ces engins ne peuvent porter qu'un patient à la fois. Ces pilotes et mécaniciens de bord auront ainsi largement gagné leur place dans le défilé du 14 juillet, tout comme, d'ailleurs, les binôùes navigants des SAMU volants.
Dans sa zone, le général Bailly recense "environ 150 missions, une moyenne de 400 militaires engagés avec des pics allant jusqu’à plus de 1 000, des contributions de 45 formations, régiments, bases aériennes, groupements de soutien, le transport de 30 000 litres de gel hydro-alcoolique et de 14 millions de masques, et la rétrocession de 120 palettes de sur-blouses du ministère des armées (MINARM) à des structures hospitalières".
Dans cette même audition, le commissaire explique aussi dans quel contexte d'infrastructures correctes rares l'EMA a été amené à mobiliser des villages de vacances de l'IGESA (vides, du fait du confinement) pour accueillir des militaires de retours d'opex dans des conditions dignes. Comme ce blog l'avait, à l'époque, expliqué.