Marie Récalde (photo : assemblée nationale) est la députée SRC de la 6e circonscription de Gironde. On y trouve des fabricants d'avions, de drones, de missiles stratégiques, mais aussi des PME innovantes, et des unités engagées au Mali, comme le CSFA, le CPA 30 et le 13e RDP. Tous les sujets évoqués avec elle hier après-midi.
Comment comprenez-vous les retards pris par les différents dossiers de drones en France ?
Le retard est phénoménal. Alors que dans la 6e circonscription de Gironde, on bénéficie d'un gisement de compétences civiles et militaires. J'ai donc interrogé le ministre de la défense à l'assemblée nationale, mais aussi le ministre du redressement productif pour pouvoir valoriser ce gisement de PME et de grands groupes. On n'arrivera pas à rattraper le retard qu'on a avec les Israéliens et les Américains. Que, soit dit en passant, on a la chance d'avoir, car sans eux, on aurait eu du mal en Afghanistan, et encore maintenant au Mali. Ce n'est pas avec nos trois drones et demi qui suffisent. Autre problème, on n'a pas non plus de drones de combat.
Quelles solutions préconisez-vous ?
Sur le tactique, on prendra vraisemblablement une décision en juillet 2013, en faveur du Watchkeeper britannique...
Avec du travail en vue pour l'industrie bordelaise...
Exactement. Et sur le MALE, la décision est renvoyée au livre blanc et à la loi de programmation militaire. Toutes les options seront étudiées. Pour les drones armés, on voit bien que les réticences sont tombées. C'est notamment lié au résultat obtenu par ces drones en Afghanistan. Pour les drones de combat, on se dirige vers une coopération franco-britannique. C'est un sujet auquel le ministre est très attentif.
Quelle est l'identité de votre filières drones à Bordeaux, car d'autres régions en France disent aussi avoir la leur...
C'est la présence de grands groupes, on a aussi le seul centre européen d'essais en vol de drones civils et militaires, à Souge. Et évidemment, la connexion entre les grands groupes et les PME. Leur coopération est réelle, même si on avance discrètement, peut-être parfois trop discrètement, sans faire valoir les résultats.
La mission d'information sur le retrait d'Afghanistan et les suites du traité franco-afghan va bientôt s'achever. Que retenez-vous de votre déplacement sur place ?
On a rencontré le ministre afghan de la défense, un proche de Massoud, et cette rencontre ne nous a pas laissés indifférents. C'est une personnalité imposante. On a ressenti de l'amitié, un sentiment favorable envers la France. Il y a un vrai sentiment francophile parmi les élites. Ils sont intéressés par la suite, notamment l'apport de la gendarmerie. Ils ont compris l'apport de la gendarmerie, et notamment du modèle de la gendarmerie départementale française, dont le maillage territorial permet de faire remontrer le renseignement. Pour nous aussi, le fait d'aller sur place permet de bien sentir les choses, là où des auditions formelles à Paris ne nous permettent pas forcément d'avoir toutes les données. La France peut être fière de ce qu'elle a fait la-bas, mais je reste inquiète pour ce pays. On leur demande aussi de faire en 10 ans ce qui nous a pris, à nous, 300 ans. Il faudrait que les Afghans puissent souffler, récupérer enfin.
Vous faites partie des 60% de députés de la commission de la défense à avoir été élus en mai ou juin pour la première fois. Comment avez-vous vécu ces premiers mois de mandat dans cette commission ?
Pour moi, c'était assez naturel de siéger dans cette commission car la circonscription est assez militaire, tant par la présence de sites industriels ou des armées. Je ne m'imaginais pas siéger ailleurs, le député auquel j'ai succédé, Michel Sainte-Marie, y siégeait déjà. C'est aussi une commission dans laquelle on travaille à l'indépendance de la France. Je suis fille de militaire, la rigueur militaire ne me surprend pas. J'y suis depuis le 20 juin. On est entrés vite dans les sujets, avec le vote du budget 2013, la préparation du livre blanc et de la loi de programmation militaire, et je suis intervenue sur la dissuasion nucléaire. Depuis le début de l'opération Serval, le ministre de la défense vient nous voir chaque semaine...
Précisément, plusieurs unités de la circonscription sont engagées dans Serval, et pour certaines mêmes, avant le début de cette opération. Quel regard portez-vous sur leur engagement, et les familles viennent-elles vous voir pour avoir des informations ?
Les familles, directement, non, mais je sollicite beaucoup les militaires présents sur les bases. Ce lien est important pour moi, et pour eux aussi je pense. Toute la partie infrastructure est très importante. Au Mali, il n'y a rien, et les problèmes sanitaires vont commencer à se poser très rapidement pour nos troupes. On a sur la BA 106 des spécialistes de l'infrastructure en opération (GAAO), c'est un travail de bénédictins qu'ils mènent. J'ai pu les rencontrer la semaine dernière, et constater leur travail de fourmi, énorme et fondamental. De même, les personnels du CPA 30 sont aussi très professionnels, que ce soient les commandos, mais aussi, ne les oublions pas, les maître-chiens.
d'autres interviews de parlementaires sont visibles sur ce blog :
Christophe Guilloteau, de retour d'Afghanistan.
Philippe Meunier, sur la politique du gouvernement au Mali.