Le gigantisme de l'armée américaine est tel qu'il devient difficile de croire qu'elle ne puisse déployer qu'une centaine d'hommes au Niger pour faire voler quelques drones MALE. C'est le sens d'un post consacré ce matin au sujet par mon confère de Lignes de défense qui rappelle que l'USAF elle-même évoque le chiffre de 168 personnels pour faire voler un Predator pendant 24 heures. Ce qui cadrerait donc mal avec l'effectif de 100 américains présents au Niger annoncés par Barack Obama.
Mais, il faut le replacer dans la réalité américaine, différente de la nôtre. Il est d'abord de mauvais ton de mentir aux congressistes, toujours chatouilleux sur l'engagement des boys et les escalades des effectifs. Ensuite, c'est la nature du système Predator de contenir la main d'oeuvre nécessaire sur le théâtre-même, privilégiant une gestion quasi-totale des drones depuis le territoire US. Sur la frontline, il faut juste quelques maintenanciers -parfois des contractors-, des spécialistes des transmissions, des UNITREP pour correspondre avec Serval, des contrôleurs pour les manoeuvres sur le terrain, le décollage et la finale. Et c'est tout. Tout le reste de l'effectif rentre chez lui chaque soir, sans mettre les pieds au Niger, en Afghanistan, à Djibouti, etc...
La déclaration du président ne concerne de plus que les drones, et n'inclut donc pas l'effectif consommé par les vecteurs ISR pilotés (PC-12, U-28, P-3...), que ce blog évoquait jeudi dernier. Et dont une partie ne met pas non plus un orteil dans la zone.
Bref, le président américain est sans doute assez précis dans son exercice de communication chiffrée.
Constatons que pour mettre en oeuvre deux drones Harfang, l'escadron 1/33 Belfort nécessite moins de personnel que ses homologues américains. Un détachement de quarante militaires suffit, dont seulement une vingtaine pour la mise en oeuvre (OPV, TACCO, IP et maintenanciers). Contrairement au système américain, tous ces personnels sont par contre présents sur le théâtre. Pendant trois ans, ils ont été déployés en Afghanistan.
Avec raison, les personnels concernés expliquent que cette présence in situ permet de mieux comprendre les réalités locales. Et de mieux saisir pour qui et pour quoi on se bat.