Quasiment tous les indicateurs de saisies de l'opération Harpie sont en baisse, sauf en ce qui concerne celles des broyeurs (84 sur les onze premiers mois de l'année). 225 pirogues ont été confisquées (279 en 2011), c'est même le chiffre le plus bas depuis 2008. Même conclusion pour les quads avec 85 pièces, soit une baisse de plus de 50% (174 en 2011).
4,7 kg d'or ont été repris aux orpailleurs, là aussi c'est un chiffre historiquement bas depuis 2008. 71 kg de mercure ont été saisis, et les quantités de carburant (servant aux quads, aux pirogues et à la vie courante) sont aussi en baisse, à 182.926 litres. Le total des saisies de l'année avoisine les 16 MEUR, c'est donc autant d'argent en moins pour les trafiquants, mais c'est sans doute une cuillère dans la mer, puisque le trafic continue, porté par les cours mondiaux de l'or. Ceci, alors que les armées ont apparemment procédé au même nombre d'opérations en 2012 qu'en 2011.
Si elles baissent, ces saisies déstabilisent de fait l'activité des orpailleurs, et il est difficile, évidemment de tirer des conclusions durables sur la base de ces seuls indicateurs. Ils peuvent traduire aussi une évolution des modes opératoires des orpailleurs, mais vraisemblablement pas une baisse de l'orpaillage, nourri par la misère humaine importée du Brésil et du Surinam : le jour où ces orpailleurs gagneront plus chez eux, ils y resteront.
On sait que les orpailleurs ont en plus avec eux l'immensité du territoire à surveiller et la couverture de la canopée. Et le fait que malgré les promesses gouvernementales entendues depuis 2008, les effectifs et moyens techniques (1) restent insuffisants pour pouvoir être efficace contre ce trafic qui a de fortes incidences écologiques... sur le territoire français : c'est donc un cas très pratique de protection de l'environnement.
Trois soldats sont déjà morts en Guyane pour cette mission difficile.
(1) de fait, seuls les moyens aériens ont été renforcés avec l'arrivée de Casa, Puma et Fennec, à l'été dernier.