Va-t-on revoir un E-3F Awacs de l'armée de l'Air traquer les pirates ? La réponse pourrait être oui, avec un nouveau créneau, dans les semaines à venir. Peut-être en novembre, avant un exercice au Chili, et une opération Bubo (sécurisation du tir d'Ariane) en Guyane.
Tout cela est encore au conditionnel, car les Awacs sont des avions stratégiques s'il en est. L'armée de l'Air n'en a que quatre, dont un en astreinte permanente, au titre de la PPS.
Comme l'illustre le dernier numéro d'Air Actualités, les Awacs ont su, récemment, populariser tous leurs talents, entre recherches d'épaves dans l'Atlantique, et lutte contre la piraterie.
Seulement, certains spécialistes du travail au-dessus des étendues salées notent que l'Awacs est loin d'être optimisé pour ce travail où il faut d'abord trouver la botte de foin, puis l'aiguille. Or, si le mode maritime de l'Awacs lui permet sans problème de détecter la première, voire, dans "certains cas" la deuxième, elle ne permet pas d'identifier formellement le mobile de surface (1).
Tous les pirates ne déploient pas l'AIS (l'IFF naval), mais tous les authentiques pêcheurs non plus. La seule façon de vérifier est donc de descendre à vue d'homme, travail qui n'est pas celui de l'Awacs. L'Atlantique 2 est là dans son domaine de chasse, avec un radar optimisé pour l'air-surface, et une tourelle FLIR nasale. Et une tranche arrière dédiée à l'action maritime, avec des spécialistes du domaine.
Alors que l'on manque déjà de patmar dans la zone, la priorité n'est peut-être pas de faire du multicouche.
L'amiral (anglais) à la barre d'Atalante n'est pas entré dans le débat, lors de son séjour à Paris. Sans fermer la porte (au retour de l'Awacs) ou l'ouvrir, il s'est contenté de noter les bonnes volontés, et de souligner le besoin de patmar.
Ces derniers, viennent d'ailleurs, pour l'anecdote, de pays de plus en plus surprenants : un Merlin III immatriculé au Luxembourg, ou un P-3 japonais ont ainsi fait parler d'eux, très récemment. Venant s'ajouter aux patmar déjà installés dans la zone : Français, Allemands, Américains et Espagnols.
Comme pour les hélicoptères, on se rend ainsi compte que les pays de l'OTAN ont sacrifié une composante essentielle, et qu'aujourd'hui, on est bien en peine d'en aligner simultanément plus d'une demi-douzaine dans la zone d'intérêt.
Ce qui explique peut-être le recours à des avions plus exotiques. CQFD ?
En tout état de cause, et c'est un problème, aucun de ces avions n'est armé, et un simple "show of force" à l'afghane ne fait pas peur à grand'monde. L'ATL-2 peut bien larguer une GBU-12, mais il faut une illumination laser préalable. La Mu-90 n'arrivera pas forcément à accrocher la coque en bois d'un skiff. Quant à larguer une chaîne SAR sur un skiff pour le couler...
(1) pour ne pas effrayer quelques oreilles chastes, j'ai pris le parti d'éliminer de ce post les mots un peu durs entendus sur le bilan de l'AWACS.