Le président de la République a manifestement choisi de maintenir le surge en l'état, et d'accentuer
encore la lutte antiterroriste au Sahel. Cela traduit plusieurs éléments de tendance, dont aucun n'est vraiment rassurant. Comme évoqué dans deux posts ce weekend.D'abord, cela confirme ce que l'on sait déjà. L'ennemi reste vivace, porte des coups sérieux. Et ce, malgré les 1200 à 1500 éléments éclaircis de ses rangs. Il se régénère, et pourtant, pas avec une internationale comme celle que Daech avait réussi à fédérer. Face à cette régénération, guère de solution sinon donc bien, encore accentuer la lutte antiterroriste.
Le surge avait été déployé dans l'attente de Takuba. Or Takuba est à peine 50% de l'effectif visé, et encore, grâce à... l'inclusion de 110 Français (au moins), alors que les Français ne devaient pas être dans Takuba, qui vise précisément à faire rentrer des soldats français à la maison.
Le pouvoir de conviction (ou de non-conviction) de la France n'y est pour rien : par contre, le putsch de 2020 au Mali, les coups que portent l'ennemi, la peur des pertes, le coût de la mission, la peur des tirs fratricides, tout cela ne produit pas un capacité à accélérer les vocations de l'Europe.
Paris a bien essayé, ces derniers jours, de faire briller la monnaie européenne, ces 2500 alliés fidèles engagés dans la lutte, etc.
Mais il faut le rappeler, c'est seulement le cas des estoniens (30 dans Takuba et 50 en prodef), des tchèques (30 sur 60 annoncés) et des suédois (150 à terme, mais dans une posture spécifique). Bref en comptant large, 230 sur 2500, même pas 10% ! Même si, il ne faut pas le nier, les Espagnols sont bien utiles avec leurs Casa, les Britanniques avec leurs Chinook (désormais partagés avec la QRF britannique de la Minusma).
Les autres ne jouent pas à la marelle non plus, mais pour autant, ils ne sont pas en première ligne, là où la lutte antiterroriste a besoin d'eux. Et même dans la fonction de soutien, on a parfois entendu de drôles de caveats pour ne pas en être dans la bouche de certains européens.
Il est faux de dire que ce champ de lutte s'étend sur toute la BSS. Les GAT opèrent quasi exclusivement dans un triangle Mopti-Tombouctou-Menaka. Bref, pas cinq fois la France non plus.
Sans capacités supplémentaires en matière de renseignement aérien, de frappe aérienne, la cadence ne pourra pas être intensifiée au-delà des résultats (exceptionnels) de 2020, alimentés par des erreurs des GAT.
Or ce ne sont pas les armées locales qui le produiront. A la vérité, le surge de janvier 2021 n'a pas apporté grand chose dans ces domaines en capacités nouvelles. Par contre, la mise en vol des Reaper Block 5, quand elle interviendra, aura un impact quasi-immédiat.
Au sol, le système arrive au bout de la piste, et épuise un système de MCO exsangue. Une fois que le bataillon Griffon aura démontré toute l'excellence que l'armée de terre attend de lui, la page des gros bataillons sera vraisemblablement tournée.
Et il faudra passer au sujet suivant : haute intensité. Qui n'attendra pas.
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