Après une série d'informations (bien d'informations, pas d'interprétations de la presse)
contradictoires, c'est la minarm qui siffle la fin de la récré ce matin dans Le Parisien, puis dans une infographie, sur le déploiement de militaires en substitution des forces de sécurité intérieure (FSI).
On ne sait toujours pas sur quels sites cette substitution interviendra, mais maintenant, c'est sûr (ce qui n'était pas le cas à l'annonce gouvernementale il y a 48 heures), "en dehors des zones de manifestations". Donc pas à l'Elysée, pas à l'assemblée nationale (qui accaparent à elles seules 12 unités mobiles soient un millier d'hommes, pas une paille...), pas à l'Arc de Triomphe, pas au Sénat (1) et pas où les casseurs casseront. C'est difficile néanmoins d'en être sûr, tant les casseurs ont montré leurs capacité d'adaptation, et leur furtivité, y compris contre des FSI formées.
Cela ne permet pas, on l'aura compris, de garantir qu'il n'y aura pas d'affrontement direct. On peut rappeler cet épisode dans lequel un véhicule siglé Sentinelle a brûlé, au pied de la Tour Eiffel. Site qui, en effet, n'est pas listé dans l'énumération ci-dessous. Mais où on trouve des émeutiers. C'est loin d'être la seule zone dans Paris.
Difficile de comprendre aussi comment des militaires peuvent se substituer à des forces mobiles en gardes statiques. Car depuis des weekends, le gouvernement précise bien que chaque samedi, tout ce que le pays compte de forces mobiles (et même plus) est mobilisé contre les gilets jaunes et les casseurs. Dire que les militaires vont se substituer à des FSI en garde statiques (qui n'étaient plus censées exister le samedi), c'est donc accréditer l'idée qu'il restait des forces mobiles en statique, ce qui ne correspond pas à la vérité. Et comme chacun des acteurs concernés évite de citer les chiffres et de les expliquer... En fait, les seuls forces mobiles qui restent statiques, ce sont les 12 en réserve pour l'assemblée et l'Elysée : celles que l'armée ne peut remplacer puisqu'on l'a compris plus haut, l'armée ne remplace pas dans ces zones exposées.
On ne sait toujours pas quel volume de militaires sera injecté en substitution des militaires, ni même, d'ailleurs, combien de militaires sont en Sentinelle (un manque de transparence difficile à justifier). En fait, le niveau donné régulièrement est celui des forces réservées à Sentinelle, et non celui qui est déployé. Ainsi, les forces réservées doivent pouvoir être déployables sous préavis, mais ne sont pas toutes déployées, de facto. C'est la mobilité qui permet l'imprévoyance, et donc, de contribuer à une forme de dissuasion sur laquelle chacun peut avoir son avis éclairé.
On ne sait pas non plus quel volume supplémentaire de Sentinelle a été mobilisé, et avec quel équipement. Les consignes, elles, ne semblent pas avoir changé, par rapport à Sentinelle anti-terroriste. Même si, demain, en face d'eux, ce sont surtout des casseurs que les Sentinelle risquent de croiser.
Enfin, si ce recours est bien si courant, il en devient presque étonnant qu'il n'a pas été effectué plus tôt, et sur une bien plus grande échelle (2), tant il est connu que les gardes statiques en tout ordre accaparent un volume conséquent de personnel. Certains samedis n'auraient pas eu la même physionomie.
Mes infops et photos sur le twitter @defense137.
(1) hier au point presse hebdomadaire du ministère des armées, ces informations n'étaient pas disponibles. Dommage, on aurait gagné 24 heures de clarté.
(2) il est néanmoins admis que Sentinelle n'avait pas jusqu'à maintenant massivement contribué à la substitution des unités mobiles des FSI (celles qui assurent les gardes statiques), y compris lors des jours de très grande mobilisation des forces mobiles (où la totalité des forces mobiles de France et de Navarre étaient mobilisées). Pourquoi maintenant, donc ?