Parmi les très nombreux ruptures incarnées par Daech figure l'utilisation des réseaux sociaux, arme à
recruter sans pareille, mais aussi un levier pour manipuler, et terroriser encore plus l'adversaire, en forme d'arme psychologique qui n'a sans doute pas contribué à la vaillance de l'armée irakienne, en 2014. "Une menace à ne pas sous-estimer: la manipulation de l'information a lancé la minarm depuis les Etats-Unis. C'est une arme de guerre. Les démocraties ouvertes sont -de fait- désavantagées dans ce combat : nous devons être plus forts et plus malins".
L'OTAN ne le découvre pas totalement, l'URSS était passé maître dans l'art de la Maskirovka.
Mais Daech a pu industrialiser le processus, grâce aux réseaux sociaux, sur lesquels l'attention des gestionnaires de plateformes n'est pas toujours suffisante.
Le général français Jean-Marc Vigilant, senior national representative français, était aussi un des adjoints au sein de l'état-major de la coalition OIR, en charge de la détection de la propagande de Daech, et de son contrage (sur lequel les anglo-saxons mettent traditionnellement beaucoup de moyens). Il a pu mesurer de façon directe ce travail de sape à bas coût mais très efficace.
Avec une organisation désormais atomisée, Daech pourrait bien continuer à perdurer notamment via les réseaux sociaux.
Et sur l'autre théâtre du moment, le Sahel, Barkhane a fort à faire dans la dimension numérique, où l'adversaire communique régulièrement comme le fait également l'état-major français, et désormais les états-majors africains (formés, notamment, par la France à ce domaine de riposte). Très régulièrement, c'est la communication djihadiste, ou ses relais, qui injectent dans le viseur des médias et chercheurs occidentaux des fake news (combien de fois a-t-on lu la fausse mort de soldats français, parfois reprise), des nouvelles partielles (il n'y a quelquefois pas de fumée sans feu) quand il ne s'agit pas d'information exacte (ce qui contribue à donner du crédit à ces émetteurs).
Bref, tout autant que la stratégie, c'est aussi la pratique qui doit s'adapter à ce temps réel fixé par les groupes armés. Un vrai défi pour les communicants opérationnels, dont la visée est bien d'en faire bénéficier les opérations.
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