Depuis des années, les marins français s'intéressent au développement des drones aériens, mais faute
de moyens, ils ont dû limiter leurs ambitions à expérimenter, avec le drone Serval. Cette semaine, et si la météo s'y prête, un drone Harfang de l'escadron de drones 1/33 Belfort va participer à un ou deux vols au profit d'un exercice de contre-terrorisme maritime (CTM, la préfecture maritime de Brest parle pudiquement "d'un entraînement interarmées et interministériel") baptisé Armor. Le premier pourrait avoir lieu aujourd'hui, révèle le site internet du Marin.
L'appareil doit décoller de sa base, et les images tournées par sa boule optronique seront retransmises dans le PC de crise (1), où travaillent ensemble gendarmes du GIGN et commandos marine, le binôme bien connu prévu par le plan Piratmer qui constitue de fait un bel exemple de coopération interministérielle, à la hauteur de la complexité de la mission.
Les deux unités ont des drones, mais dont l'endurance est notoirement limitée. L'apport du Harfang, malgré ses limites (obsolescence des capteurs), est assez évident : sa permanence (plus de 24 heures d'autonomie) est parfaitement idoine pour renseigner le chef de dispositif. En outre, son niveau de vol ne permet pas aux terroristes de savoir ce que le drone observe précisément.
La contribution d'un Harfang aux opérations intérieures n'est pas une première : la première mission opérationnelle du Harfang, en 2008, fut de contribuer à la sécurisation de la visite du pape.
Depuis, ce type de missions a été plus rare, du fait de la suractivité du Belfort en opex, en Afghanistan, en Libye, puis au Sahel (2). Néanmoins, un Harfang avait participé à la protection des 70 ans du D-Day.
Pour ce qui est de la lutte contre le terrorisme, la contribution du Harfang et du Belfort a été évidente sur les théâtres afghans, puis encore plus évidemment, au Sahel. La pratique française de s'installer au coeur des théâtres permettant aussi une plus-value directe, par rapport à ses homologues anglo-saxons.
(1) Dit comme cela, ça fait simple, mais il faut, en dessous, une petite architecture SIC tout de même.
(2) C'est le lot des unités qui s'autorelèvent, mais depuis 2008, les personnels du Belfort (et des unités qui l'ont précédé) sont sans doute ceux qui auront été le plus régulièrement dehors. Ce qui n'est peut-être pas suffisamment connu... et reconnu.