Le service industriel de l’aéronautique (SIAe) est en train de recruter une cinquantaine de salariés, dans le cadre de la hausse de ses activités, liée, notamment, au retard de l’A400M. A priori plutôt une bonne nouvelle, dans le climat général. Et d’autant plus qu’on envisageait, il y a peu, de supprimer 400 postes rien qu’à l’atelier industriel de l’aéronautique (AIA) de Clermond Ferrand. Seulement, la potion est un peu amère, pour le syndicat FO-Défense qui note que « les recrutés le sont en CDD de 3 ans renouvelables une fois » (1). « Une première pour les niveaux 3», note le syndicat, qui redoute un « ballon d’essai ». La majorité des salariés des AIA sont des ouvriers d’Etat, que le ministère de la Défense encourage actuellement au départ avec des mesures déjà évoquées sur ce blog.
Ces 50 recrutements devraient être effectués pour le mois de février. Ils profiteraient, selon le syndicat, principalement à Bordeaux (30) ainsi qu’à Clermont-Ferrand (12) et Cuers (8). Ces salariés seront des « opérateurs de maintenance aéronautique», et non des « ouvriers ».
Le plus du Mamouth :
Les craintes vont toujours par deux, et la deuxième repose sur l’audit de l’AIA de Cuers, effectué actuellement par le groupe… EADS. Un choix étonnant, effectué apparemment après appel d’offres du ministère qui a ainsi, de fait, retenu un concurrent de l’AIA de Cuers pour l’auditer. Je le confesse, je ne suis pas un spécialiste de l’audit, mais il me semble que l’on ne procède pas ainsi, d’habitude. Sans compter que les auditeurs ne manquent pas, sur la place, et que le ministère de la Défense, grand consommateur d'audits, doit bien avoir quelques adresses…
D’autant plus que le SIAe a réussi, malgré une foultitude de complications, à conserver une forme de rentabilité pour les armées, et à constituer, par ailleurs, une alternative crédible à la maintenance privée. Il pourrait même, comme le propose le député et rapporteur du budget Air, Jean-Claude Viollet, s’engager sur la transformation d’Airbus en MRTT.
Quand on sait que c’est à Cuers que le SIAe veut développer une expertise en matière de drones, et qu’EADS s’est récemment fait tirer un peu l’oreille par l’armée de l’Air pour réparer un drone Harfang, l'histoire prend un tour peu commun. Il ne manquerait plus qu’un député se penche sur le sujet…
(1) La DGA a longtemps affectionné ces contrats précaires (dit 84-16), avant de les résorber progressivement. Quelques uns perdurent encore.