vendredi 18 décembre 2009

Le sas (suite)

Suite à de nombreuses questions qui me sont parvenues, voici de nouvelles précisions sur le sas de Chypre. Parmi les interrogations, ce que recouvre les "moins de 400 euros" annoncés par l'armée de Terre. Basiquement, il s'agit de frais d'hôtellerie, de restauration et d'activités diverses, individuelles ou collectives, effectuées dans l'hôtel (massages, etc) ou en dehors.
Il faut noter que l'organisation du sas est menée par une équipe réduite du commandement de la force terrestre (CFT), comprenant des psychologues et des moniteurs de sport qualifiés en technique d'optimisation du personnel (TOP) dont le coût n'est pas pris en compte dans le calcul.
A la question que je me posais sur la ressource en voies aériennes militaires (VAM), on m'explique que l'Airbus apporte en général la relève de France, la dépose à Kaboul, et repart avec un premier lot de passagers pour le sas. Qu'il dépose à Chypre, avant de retourner, à Kaboul, prend le lot suivant, et ainsi de suite. En moyenne, il faudrait trois à quatre VAM pour transporter un GTIA, selon le type d'avion et les créneaux.
Ce sera le cas en janvier pour la TF Dragon. La quasti-totalité des effectifs de l'armée de Terre de retour d'Afghanistan passera désormais par le sas, illustration du sentiment désormais prédominant dans les états-majors parisiens et lillois de ne pas transiger pour les "Afghans", tant dans leur préparation, que le matériel envoyé sur place, et les conditions du retour.
"Bien moins" de 5% des effectifs rentrant d'Afghanistan seraient concernés par une forme de syndrome post traumatique (PTSD), soit trois fois moins ce que peuvent connaître les Américains (5% chez les Britanniques). Mais, note-t-on, les symptômes apparaissent en général bien après le retour au pays, entre 3 et 6 mois.
Comme ce blog l'avait déjà révélé, les gendarmes ont déjà fait le choix de faire passer leurs POMLT par le sas, après une brève mission à Chypre, fin novembre, début décembre. Et ceci, malgré une moyenne d'âge plus élevée, et pour certains d'entre eux, des expériences déjà nombreuses en opérations extérieures.
Par contre, l'armée de l'Air, qui emploie un peu moins de 600 aviateurs sur le théâtre, n'a pas franchi le rubicon pour l'instant. Vraisemblablement parce que le dispositif n'est pas jugé indispensable (c'est que beaucoup disaient aussi dans l'armée de Terre au début...), mais aussi, peut-être, du fait de son coût, pourtant somme toute modeste. Cependant, le sujet est en partie biaisé du fait de la disparité de situations : les personnels navigants sont en séjour de deux mois. Mais tous ne vivent pas les mêmes choses : les hélicoptéristes sont les plus exposés aux tirs d'armes légères, en vol, tandis que les chasseurs, eux, sont sujets aux tirs de roquettes, à Kandahar, et au stress généré par le risque, permanent, des conséquences d'une erreur de tir. Consciente, semble-t-il de certaines évolutions, l'EMAA a envoyé une mission de psychologues, dont ce blog a déjà évoqué quelques détails.
Pour autant, peut-on faire l'économie d'un sas pour des commandos des CPA conventionnels, très largement engagés en première ligne, à bord des hélicoptères, ou aux côtés des OMLT (dans des équipes de ciblage ou TACP) dont ils partagent les risques sans pour autant bénéficier, donc, du même suivi ? Depuis 2006-2007 qu'ils sont engagés comme TACP, les CPA ont subi des accrochages très lourds, particulièrement en août 2009, quand une de ces équipes a battu le record de TIC du théâtre. Deux commandos avaient par ailleurs été grièvement blessés lors de leurs contribution à Arès.
Des situations qui sont précisément à l'origine des motivations de l'armée de Terre pour rejoindre le sas.

Pour aller plus loin :
http://lemamouth.blogspot.com/2009/11/larmee-de-terre-renforce-son-dispositif.html
http://lemamouth.blogspot.com/2009/11/des-omlt-ont-nouveau-frequente-chypre.html
http://lemamouth.blogspot.com/2009/06/une-omlt-teste-le-sas-de-chypre.html
http://lemamouth.blogspot.com/2009/04/voir-chypre-et-rentrer.html
... quelques posts, pour illustrer que ce blog n'a pas découvert le sujet jeudi matin à 11h30.