Hervé Morin vient d'annoncer à Lorient la commande de trois nouvelles (et dernières) FREMM (frégates multimissions), en venant découper la première tôle de la deuxième d'une série finale de 11 navires, la Normandie.
Le lot commandé le 30 septembre à DCNS par l'OCCAR comporte deux frégates de défenses aériennes (FREDA) et une FREMM-ASM (lutte anti-sous marine. Les coques sont semblables, ce sont les systèmes d'armes qui diffèrent. La FREDA est optimisée pour l'escorte de grosses unités, comme le PACDG, en complément des frégates Horizon, qui avaient vu leur série réduite de quatre à deux navires. Mais aussi pour escorter un groupe amphibie, alors même que l'armement anti-aérien des BPC, des bâtiments de 20.000 tonnes, est notoirement insuffisant (Mistral, canons de 30mm). Comme il y aura (au moins) trois BPC et un porte-avions, il y aura ainsi quatre unités de surface dédiés à la lutte antiaérienne.
La FREDA ne faisait pas partie des études initiales du programme FREMM, qui ne comportait que la FREMM-ASM et la FREMM dite AVT (action vers la terre). Certaines d'entre elles auraient disposé d'un radier, à l'arrière, pour faciliter la mise en oeuvre d'embarcations commando.
Option qui a été abandonnée pour des raisons financières, au grand dam des commandos. Les Ecumes et Etraco seront mis en oeuvre par un bras latéral, de part et d'autre de la FREMM.
Par contre, les FREMM seront des bases d'opérations spéciales intéressantes, avec une capacité d'acccueillr une quarantaine de commandos marine. En plaquant cette capacité sur des opérations récentes en matière d'extraction de ressortissants ou de lutte contre la piraterie, on comprend bien que la FREMM se prête bien à des actions assymétriques au grand large, ou en prochhe milieu lagunaire.
Les FREMM pourront aussi mettre en oeuvre des drones, dont la taille exacte reste encore à apprécier. DCNS a noué un partenariat (non exclusif) avec l'Autrichien Schiebel. Le drone est un complément de l'hélicoptère, et dans certaines missions, un remplaçant de l'hélicoptère. Cela permet d'élargir le spectre des missions, tout en économisant le potentiel de l'hélicoptère de bord (un Panther ou plus vraisemblablement, un NH90). Un drone peut par exemple assurer une désignation d'objectif au-delà de l'horizon, pour un missile antinavire, ou éclairer un débarquement, ou encore participer au recueil du renseignement électromagnétique. Voire même, avec une charge idoine, constituer un leurre actif décalé.
La FREMM ASM déploiera également le Scalp Naval (MBDA), évolution de l'arme aéroportée bien connue, et dont une version pour les SNA est également prévue. Le Scalp naval ne prévoit pas d'être opérationnel avant 2014, deux unités au moins donc iront à la mer sans cet atout. On ignore si elles revcevront leurs lanceurs en sortie de chantier, ou si elles seront rétrofitées à l'issue de la MSO du Scalp.
Enfin, cette famille embarque le missile Exocet Mk3 (MBDA), 18 (+1) torpilles Mu90 (Eurotorp) et missiles 16 Aster 15 (Eurosam), préférés au missile VL Mica (MBDA). Le missilier défendait également une configuration mixte Aster/VL Mica, pour emporter la compétition grecque. Le navire ainsi proposé serait devenu un véritable petit croiseur lance-missiles.
La FREDA emporte 16 Aster 30, en sus.
Pour coller à la réalité biliatérale du programme, développé avec les Italiens, la FREMM dispose enfin d'un canon de 76 mm, et non de 100 mm comme c'était le cas jusqu'à maintenant dans la marine française. Quatre mitrailleuses de 12,7 mm, aux quatre coins, complètent l'armement destiné à parer les menaces assymétriques.