Attendu dès 2007, le bon de sortie du minidrone DRAC ne s'est pas écrit comme prévu. A la fin du printemps dernier, il était question de l'expédier en Afghanistan en août mais on est mi-septembre, et toujours pas de DRAC dans le ciel de Kapisa et de Surobi. Peut-être en fin d'année : en matière de drone, la prudence calendaire est la prudence élémentaire.
Le DRAC, c'est ce "drone du capitaine" qui permet à un commandant de compagnie, voire de section, d'éclairer sa bulle, à 10 km de portée, en tout cas, de "l'autre côté de la colline".
Le premier engagement, sous forme d'EVTO, au Kosovo, a mis en valeur des soucis inattendus, pour le lancement du DRAC, puis sa récupération dans de bonnes conditions. Ce qui avait fait craindre à l'armée de Terre une forte attrition en Afghanistan, où la bonne caillasse afghane a déjà fortement éclairci la flotte de SDTI, pourtant réputés plus solides et mieux protégés encore (par des boudins).
Au final, l'armée française est la dernière armée digne de ce nom à ne pas avoir déployé ses minidrones (1). De quoi faire enrager les futurs déployés, au point que certains ont déjà expérimenté des solutions alternatives, particulièrement significatives ne seraient-ce que dans le registre budgétaire.
Celà n'a évidement rien à voir, mais l'armée de Terre était susceptible d'évaluer ces jours-ci le Camcopter de Schiebel, bête noire d'EADS qui a réussi l'outrage, en juin, d'être le seul drone à voler dans le ciel du Bourget. Forcément, cela attire le regard, sans doute même celui de nos hauts responsables qui interrogent sur l'absence de nos cocardes dans ce même ciel.
La gestion des programes à la française aidant, la résorption des soucis du DRAC a pris du temps, là aussi, un peu plus de temps que prévu. Le minidrone disposerait désormais de multiplies protections, pour protéger les fuseaux moteurs (des skids) ainsi que le capteur, logé dans le fuselage.
Le + du Mamouth :
Le progrès -ou l'administration, tout dépend des analystes...- est allé plus vite que prévu : avec le RVT (une ébauche de Rover à la Française), les fantassins peuvent s'ouvrir les portes du SDTI. Ce module de réception compact est déployé en Afghanistan depuis mai-juin. C'est donc Sagem avant EADS qui aura fourni les "fameuses jumelles volantes" au capitaine, en Afghanistan. Seul problème : il y a encore peu de RVT disponibles, et à peine plus de drones SDTI. En tout cas, pour ne pas livrer d'information qui me reviendrait droit dans la face, on peut dire que c'est nettement moins, dans les deux cas, qu'il n'y a de capitaines.
(1) ce à quoi on m'oppose que nous déployons déjà des MALE (mais précisons-le comme les Italiens, les Brits, les Canadiens, bientôt les Australiens, et évidemment les Américains) et des drones tactiques (comme les Espagnols, les Allemands, les Canadiens, les Néerlandais, et même les Polonais, pour faire court). Bref, une façon de dire qu'on ne fait pas dans le "petit pied". Mais il ne faut pas oublier que ces braves gens ne sortent pas tous de leurs FOB comme nous nous le faisons. Et notons encore que mes détracteurs sont ceux qui disaient hier qu'un minidrone était essentiel à la bonne vue d'une capitaine. On l'aura compris, je ne porte aucun jugement sur les uns, les autres, et encore moins sur les capitaines : tous ceux -en tout cas ceux appartenant à l'armée de Terre française- qui j'ai croisés en Afghanistan m'ont fait forte impression. Et cela va sans dire, aucun n'est... évidemment borgne.