Après la nouvelle capture d'un navire de pêche espagnol -le 2e en deux ans-, l'opération française Orthongel démontre toute sa pertinence. A la fin du printemps, l'association des pêcheurs français et l'EMA ont planché sur une sécurisation de la campagne de pêche, qui se déroule dans une zone d'activité désormais parcourue par les pirates. Cette activité de pêche est, on le sait, essentielle. L'Etat a donc pris le choix d'y consacrer des moyens, en faisant, et c'est une mesure inédite, cotiser les "protégés" sur une base minimale : les surcoûts générés par l'opération, des billets d'avions civils, aux primes et frais d'embarquement (1).
Le service, lui, est totalement gratuit.
Là où d'autres pays, comme l'Espagne, ont préféré privilégier les gardes armés (SMP). La difficulté à faire avancer ce dossier complexe a retardé leur déploiement, et c'est notamment le fond du procès d'intention intenté par l'opposition à Carme Chacon, la ministre de la défense espagnole.
La politique est donc bien un exercice cruel, puisque c'est à la même Chacon, soutenue par Hervé Morin, que l'on doit l'opération Atalante, sans laquelle les prises auraient vraisemblablement été bien supérieures à ce qu'elles sont.
Les + du Mamouth :
Le détail des moyens mis en oeuvre pour Orthongel reste volontairement dans l'ombre, et d'autant plus qu'Hervé Morin en personne visitera le dispositif la semaine prochaine. Selon nos sources, dix navires sont aujourd'hui ainsi sécurisés, avec des protocoles et des durées différentes. La taille de ces bâtiments, la nécessité d'y veiller 24 heures sur 24 permet cependant d'appréhender le volume de troupes nécessaires. D'où le recours, somme toute logique, aux deux forces de FORFUSCO, les fusiliers marins et les commandos marine, dans des proportions qui ne sont pas dévoilées, pas plus que le volume global, d'ailleurs.
Vu l'armement que déploient les pirates (AK47, RPG), on imagine que ces équipes ne sont pas embarquées avec des lance-pierres.
Rappelons que les commandos marine s'étaient chargés de sécuriser les navires du PAM (programme alimentaire mondial), mais également, plus ponctuellement, un navire cablier opérant dans le golfe d'Aden. Les fusiliers marins ont quant à eux armé les équipes de protection embarquées (EPE) destinées à sécuriser les navires français qui en font la demande, lors de leur transit dans le golfe d'Aden.
(1) une démarche qui s'inscrit dans un décor en pleine (r)évolution : la RGPP, la volonté du MAE de faire régler par certains inconscients le prix de leur légèreté de conduite, etc... En tout état de cause, si la France avait refusé de protéger ses pêcheurs, c'était la porte ouverte à des comportement déviants. Pas forcément avec le recours aux SMP, qui restent hors de portée financière de sociétés de pêche.