samedi 26 octobre 2019

Un état de l'armée de l'air

Face aux députés, le CEMAA n'a quasiment éludé aucun des écueils auxquels l'armée de l'air est
confronté. Il a notamment expliqué que les départs non désirés avaient doublé depuis 2015 (sans les chiffrer), un des problèmes de RH du moment, avec les difficultés aussi dans les flux entrants.
Par ailleurs, on apprend que 99 postes ont été créés en 2019 dans l'armée de l'air, 2020 devrait être d'un niveau équivalent. Le CEMAA reconnaît toutefois que les 1246 postes attribués dans le cadre de la LPM sont insuffisants comparés aux besoins réels (3000). Il faut aussi bien comprendre qu'une partie des motifs de départs est liée à la suractivité qui repose souvent sur les mêmes engagés dans des engagements opérationnels (France et opex), là où les sirènes du privé promettent des journées moins dures, moins longues et bien mieux rémunérées. 
Interrogé par le député Fabien Laîné sur la colocalisation des Caracal à Cazaux (pourtant promise par un précédent CEMA), il n'a pas directement répondu, expliquant que le sujet pourrait se régler différemment, par un contrat de location-vente pour 20 H225 (au lieu des 12 évoqués initialement par la LPM). Dans les deux cas, il faut évidemment s'assurer que ces machines de seconde main ne seront pas dans un état d'usure trop avancé. Les H225M de l'armée de terre ont en effet déjà une quinzaine d'années au compteur, et dans des environnements pas forcément propices à une bonne conservation.
Le général Lavigne s'est également placé sur le terrain des opérations, livrant notamment la contribution des ISR légers (loués) : un a joué un rôle non négligeable lors d'un rezzou venu du sud libyen cette année, et deux autres étaient de la partie lors de l'opération Ocelot qui a permis de neutraliser un parti GAT avec pas moins de 13 bombes larguées (1).
Au total, 90 aéronefs et 3000 aviateurs sont engagés en permanence en opérations, ce qui excède les contrats tels qu'on a l'habitude de les présenter. Il faut le rappeler, la France n'est engagée par ailleurs dans aucun contrat majeur, ce qui repose donc, au passage, la question de la masse (et de la disponibilité), et pas que dans la chasse, mais aussi les tankers, les hélicoptères.
A cet égard, (seulement) 40 Rafale F3R seront opérationnels dans le courant 2020, la première capacité opérationnelle étant elle annoncée pour le mois prochain.

(1) on peut s'étonner d'avoir entendu assez régulièrement dans la communication interarmées la consommation des 155 mm de l'armée de terre mais pas celle des chasseurs de l'armée de l'air, ou des patmar de la marine. La consommation des munitions n'est pas tout dans les opérations (un show of force ou une heure d'ISR livré par un pod de ciblage peut être plus appuyant qu'une bombe), mais en tout cas, il est difficile de comprendre pourquoi celle des uns serait plus importante à évoquer que celles des autres.

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