Pendant la campagne présidentielle, le président Hollande souhaitait attendre l'ONU pour engager
militairement la France en Syrie : deux ans plus tard, il faudra nécessairement s'en passer pour intervenir, avec le blocage russe et chinois. Car comme il vient de l'affirmer, le président ne va désormais plus rester sans réaction dans la crise syrienne. Un conseil de défense est prévu demain à l'issue du conseil des ministres. La machine à planifier les opérations (CPCO) et à rassembler du renseignement (DRM) n'a pas besoin d'attendre ce rendez-vous pour se mettre au travail. A ce stade, les mots de guerre, ou de frappes aériennes n'ont pas encore été lâchés par l'exécutif. La seule phrase précise fait allusion à un soutien accru à la rebellion syrienne.
On se souvient qu'en Libye, en 2011, le "top" pour le largage des bombes avait été donné par le président Sarkozy à 17h32, un samedi, mais des avions étaient en vol depuis le matin, préparés (et dé-préparés) depuis l'avant-veille.
Pour le Mali, avec l'actuel président, le top avait été donné en début d'après-midi du 11 janvier, et l'action avait commencé au Mali à 16 heures, grâce au détachement du COS prépositionné au Mali quelques heures plus tôt. La chasse, basée au Tchad, n'avait eu le droit de parler que bien après (curieusement), en début de soirée.
L'armée française ne découvre pas la crise syrienne : des forces spéciales et des agents de la DGSE ont fréquenté les lieux depuis des mois.
En permanence, l'armée de l'air maintient des chasseurs en alerte Rapace, prêts à décoller, et en cas de besoin, de frapper depuis le territoire français. Dans le cas syrien, il suffit juste de définir les cibles pour les missiles Scalp-EG (deux par Rafale), les sortir de leur dépôt, et les tankers des FAS, dont le métier est précisément le décollage au claquement de doigt, téléporteront ces chasseurs et leur cargaison aux approches de la Syrie.
Si des frappes devaient durer dans le temps, il serait évidemment plus adroit de pré-positionner ces chasseurs autour de la Syrie pour économiser les tankers. Il faudrait un nouveau pont aérien pour amener sur place tout l'armement et la logistique.
Le porte-avions, dont je parlais ce matin peut appareiller en une centaine d'heures. Et il en faudrait encore quelques unes pour arriver là où ça se passe : un groupe aéronaval parcourt un peu moins de 700 nautiques par jour... Mais si la crise devait durer, ce moyen précieux serait incontournable. En quelque sorte, si le porte-avions appareille, la France donnera le ton qu'elle veut donner à cette opération.