A ce stade, une seule certitude : les légionnaires n'ont pas été blessés par des tirs d'aéronefs. Et pas non plus par des tirs américains et afghans : il n'y en avait pas à proximité. La conclusion s'impose d'elle-même : si les tirs fratricides sont avérés, ils sont venus du sol, et sont français.
Mais, les distances entre les positions françaises et les lieux des blessures et des morts varient fortement : 300 à 400 m pour les plus proches, 700 m à 800 m pour les plus éloignés. Les tirs d'appuis ont été fournis à la fois par Noir, la composante appui (T20-13, AMX10RCR, VBCI) et les éléments de Bleu qui avaient réintégré les premiers leurs véhicules (donc les 12,7 mm), tandis que les éléments du 2e REP décrochaient à leur tour. Les hélicoptères -Gazelle, Tigre, Kiowa- ne seraient arrivés qu'après.
Comment l'enquête va procéder ?
Par audition, essentiellement. Tous les chefs de section et chefs de groupes impliqués vont être entendus, longuement, d'où le temps que prend l'enquête (qui a commencé lundi). Les bandes des conversations radio peuvent apporter des éléments de reconstitution, car quand les soldats combattent, ils ne prennent pas de notes en maniant le Famas : le trafic radio peut donc être fort utile. Les images peuvent aussi apporter. Peut-être une équipe image de l'armée opérait-elle dans les parages immédiats. Il pourrait aussi y avoir eu un photographe civil.
Et évidemment, il y a les moyens de renseignement image, fixe et mobile. Mais c'est là que les choses se corsent : tous les soldats blessés et tués l'ont été au moment où ils étaient dans la zone verte, assure-ton à Paris. Donc, hors de la vue.
Est-ce vraiment le 2e tir fratricide ?
L'EMA l'assure en tout cas (1). Et se refuse à ranger dans le même sac les récentes "fautes de manipulations d'armes" qui ont tué un militaire du 35e RI (10 juin) et un chargeur-radio du 1er Chasseurs (11 juillet). Encore fin juillet, trois soldats ont été blessés par l'explosion d'une grenade à fusil.
Quelles conséquences pour les opérations ?
Alors que les troupes ont été atteintes par les terribles bilans des mois de juin et de juillet, ce coup du sort -difficile de le caractériser autrement pour le moment- ne risque pas de leur remonter le moral. D'autant plus que les troupes françaises sont prises à parties systématiquement désormais, jusques et y compris à 500 m de leur FOB (à Tagab, ou ce dimanche, en Bedraou). Et, si la route entre Kaboul et Tora est, de fait, très sûre, la main supply road n'a pas encore réussi à s'attirer le même qualificatif.
(1) rappelons que le premier avait eu lieu il y a un an (23 août), dans la même vallée de Bedraou. Trois marsouins du 21e RIMa avaient été blessés, dont l'un d'eux, très grièvement, par les tirs d'appuis placés au-dessus. Quelques éléments d'information et de réflexions peuvent être trouvés ici et là.