S'il arrive régulièrement que certaines situations soient tangentes à la guerre, les tirs fratricides avérés sont par contre rarissimes (1), dans l'histoire militaire française contemporaine. Le premier exemple qui m'est venu à l'esprit est celui qui tua, entre autres, un lieutenant-colonel français, Guy Demetz, quand deux F-15 abattirent deux Blackhawk, au Kurdistan irakien, le 14 avril 1994. Les Eagles les ont pris pour des hélicoptères de Saddam, et une incroyable série d'erreurs, résultat de l'équipement (les radios des deux patrouilles ne pouvaient communiquer en crypté) et de précipitation, mène à la mort de 26 personnes au total.
Autre exemple, beaucoup plus ancien, et encore moins connu (2), quand des 105 du 17e RA tirent par erreur sur la position tenue par le commando Montfort : sept bérets verts -dont le pacha, le LV Sulpis- l'ont payé de leur vie, ce jour-là, sous les yeux de leurs camarades, et du patron de tous les commandos marine d'Algérie, le CC Servent. C'était le 16 août 1959, en plein jour, en pleine guerre d'Algérie.
(1) Même si cela devient à la mode, cette simple évocation de ces deux exemples n'est pas un réquisitoire journalistique doublant l'enquête préliminaire visant des faits intervenus la semaine dernière, en Kapisa, et sur lequel, hier, Hervé Morin a implicitement confirmé la responsabilité probable des VBCI, au micro de RMC. Rappelons que c'est le REPFRANCE, par ailleurs en charge de la bonne application des règles d'engagement (ROE) qui a été jugé compétent pour traiter cet évènement précis. Sans douter des qualités de ce colonel, il eût cependant été peut-être plus adapté de confier une enquête dans laquelle les ROE auront peut-être leur part de responsabilité à un oeil extérieur.
(2) il est néanmoins cité avec de nombreux détails dans René Bail, Corsaires en Béret Vert, Presses de la Cité, 1976.